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i>Le 17 avril 1975, nous avons été chassés de nos foyers.
Ainsi commence L'eau et la terre, un livre dédié "à tous ceux qui ont dû prendre la route sans retour possible...". Il nous parle du Cambodge et des horreurs qui y ont eu lieu. Il nous parle des Khmers rouges.
La principale réussite de cet ouvrage tient dans le graphisme de Séra : une économie d'images chocs mais un dessin empli d'émotions, de sensibilité, et une ambiance aussi sombre que le destin de tous ces gens qui ont la mort comme seule et unique perspective de vie. Une vie où tout n'est que privations, devoirs à accomplir et supplices à endurer, au sacrifice de sa propre liberté.
Le drame du Cambodge et les exactions commises par les Khmers rouges ne sont pas forcément au centre des débats à travers le monde, les médias n'y portant guère attention et les tribunaux étant, semble-t-il, décidés à laisser ces crimes impunis. Derrière cet immobilisme de la communauté internationale se cache le malheur de tout un peuple dont l'Histoire ne s'est construite que dans le sang.
De tels livres sont donc d'une absolue nécessité et Séra nous relate le témoignage de ceux qui ont été brisés par ce conflit. Devant un tel défi, devant des intentions si pures qui font tant défaut à l'heure actuelle, il est malaisé de se montrer critique quant à la forme. C'est pourtant, je crois, ce qu'il convient de faire, en toute objectivité. Pour qu'un tel message ait une réelle portée, il faut le rendre clair, accessible. Or, L'eau et la terre est pour le moins obscur : pas de présentation détaillée du contexte historique et des événements tels qu'ils se sont déroulés, des personnages qui se croisent sans qu'on sache réellement qui ils sont et des informations certes intéressantes mais surtout confuses.
L'auteur aura voulu présenter son histoire comme une sorte de documentaire mais, derrière une ambiance parfaitement réussie, nous sommes face à un récit destructuré dans lequel j'ai fini par me perdre. Peut-être Séra n'a-t-il pas utilisé au mieux les codes propres à la bande dessinée pour rythmer son album et rendre plus passionnant un récit porté avant tout par la gravité de son propos.
Aussi salutaire soit-il, le message ne passe pas. Dommage. D'autant plus que la sincérité de l'auteur est indéniable et son travail de recherche admirable.
Les avis
chocobogirl
Le 01/03/2008 à 18:02:25
Portraits croisés entre oppresseurs et oppressés, ce magnifique album sur le génocide cambodgien des Khmers rouges nous plonge intimement dans la tragédie. Les dessins, de véritables peintures, mettent en relief la souffrance et la noirceur des âmes.
Un récit très humain sur le Cambodge en guerre.
Armand Bruthiaux
Le 06/07/2007 à 08:56:47
Séra nous livre ici une bande dessinée très intéressante et artistiquement très réussie. Dommage que le récit soit trop complexe. On perd très rapidement le fil de l'histoire qui apparaît alors sans véritable cohérence.
Dech
Le 03/07/2005 à 16:39:46
Témoignage troublant d'une des pires tragédies du dernier siècle : le massacre sous silence de toute une population au Cambodge par les Khmers rouges. Cette tragédie est surement une des plus inexplicable de tous les temps : la façon dont le pays s'est recrovillé sur lui-même, la violence et l'immoralité insoutenable des Kmers de Pol-Pot, ainsi que la manière dont les faits ont été passés sous silence dans un monde internationale pourtant au firmament de ces luttes et ces vues pacifistes (les années 70) sont tout bonnement inimaginable.
Cette BD est une suite de portraits, de peintures de ce drame. Les clichés sont froids, parfois sans liens (justes quelques hommes et femmes différents sur la route de l'exode voulut par les Khmers pour forcés les gens a travailler dans les rizières).
Les dessins sont troublants ; on retrouve énormement de portaits, de visages défaits à la limite de la mort. Cette représentation est une pure réussite. Les émotions sont formidablement bien rendues
Christophe C.
Le 14/04/2005 à 11:42:20
Cet album raconte les horreurs qu'ont infligés les Khmers rouges aux cambodgiens. A travers le visions de personnages qu'ils soient soldats ou simple paysans on se rend compte que ces horreurs touchaient au final tout le monde car même les soldats les plus fidèles finissaient par être reconnus comme des traitres si ils ne remplissaient pas leur quotas de massacres si bien qu'ils finissaient eux même par être les victimes de ces même quotas. Vous l'aurez devinez ce n'est pas une BD vraiment joyeuse mais elle est vraiment très intéressante à lire.