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olt Crank (Bouffe-boulon) est un aventurier. De la race de ceux qu’on appelle à l’aide lorsqu’il s’agit de retrouver une épée légendaire ou une « fleur de feu », ou de repousser l’assaut de milliers d’envahisseurs sanguinaires. Un mercenaire ordinaire en somme. Signe distinctif : une vis ou un boulon toujours au coin des lèvres. Les pièces mécaniques ou les liquides industriels, c’est son péché mignon, il les ingère comme d’autres des cacahouètes. Pour ensuite les utiliser contre les méchants de tous poils qui jalonnent son périple. Vers l’Ouest.
Destiné à un public adolescent malgré le label Seinen arboré sur sa tranche, Eatman vaut essentiellement par son dessin soigné même s’il est dénué d’originalité. Les créatures féminines devant lesquelles le héros reste de bois (peut-être le seul matériau dont il n’est pas fait, allez savoir) sont autant d’icônes de type jolie nymphette aux yeux immenses et à la plastique irréprochable qui jalonnent de nombreux mangas. En ce qui concerne les histoires, là le charme n’opère pas. Les courtes et insignifiantes intrigues présentées dans ce 1er tome sont vites expédiées, notamment dans leurs conclusions. L’affrontement avec le classique « bot de fin de niveau » tel qu’on le rencontre dans les jeux d’arcades est bâclé et son traitement graphique n’aide pas à la compréhension de la scène. A chaque fois, Crank transforme son bras en (très très) gros calibre et terrasse l’ennemi sans qu’on y voit très clair dans le malstrom qui s’en suit.
Modestes malgré 19 tomes publiés et une adaptation en anime, on croira sans peine les auteurs lorsqu’ils avouent avoir « presque improvisé » autour de ce personnage qui, à l’origine, ne devait avoir qu’un rôle secondaire. En revanche, lorsqu’ils tentent de lui attribuer un « énorme sens existentiel », on pouffe. Faudrait pas essayer de nous faire prendre des visseries pour des lanternes.