Le 03/02/2025 à 07:15:11
Je ne connaissais pas cette militante qui a été assassinée le 29 mars 1988 à Paris alors âgée de 52 ans. Sa particularité ? Avoir été la représentante de l'African National Congress à savoir l'ANC, le parti de Nelson Mandela qui passa du statut de prisonnier à président de la République. Dulcie avait consacré toute sa vie à lutter contre l'Apartheid. On se demande bien ce qui aurait pu conduire à son meurtre d'autant qu'elle menait un combat contre certains grands groupes français prêt à collaborer économiquement avec le régime d'Apartheid en place. Une évidence saute aux yeux mais il ne faut jamais faire de raccourci. Sa mort avait conduit à une vivre émotion dans notre pays. Moi, je suis passé totalement à travers. Encore une fois, je suis content de découvrir une œuvre afin de rattraper mes lacunes en la matière. Cela m'éclaire sur le parcours d'une de ces femmes d'exception qui s'est battue pour faire bouger les lignes dans un sens de plus justice sociale. Il faut dire que l'enquête judiciaire s'est soldée par un non-lieu qui arrangeait certainement le pouvoir en place entre cynisme et intérêts économiques majeurs. Nous voilà plongés dans une contre-enquête au caractère géopolitique assez marqué. On retrouve au dessin un certain Mardon Grégory dont j'apprécie les séries quand il est auteur complet (Vagues à l'âme, Madame désire ?, Prends soin de toi...). J'ai aimé la simplicité de son dessin avec un noir et blanc qui ne nuit pas à l'intrigue. Par ailleurs, le découpage est précis et la ligne est sobre. Bref, que du bonheur pour une mise en scène efficace ce qui favorise une bonne lecture sur près de 300 pages tout de même. Certaines prises de position de Dulcie m'ont quand même fait un peu tiqué comme le fait de crier au scandale contre des mères de militants ayant cousu le drapeau de l'ANC en vue de manifestation mais en ne mettant pas forcément le bon ordre au niveau des 3 couleurs ce qui se traduisait pour elle comme une offense absolue. De même, en permettant au chanteur Johnny Clegg de venir chanter en France malgré l'embargo qui devait également s'appliquer sur des artistes anti-apartheid surtout s'ils sont blancs. Bref, ces prises de positions assez extrémistes n'attirent sans doute pas toute ma sympathie même si on peut les comprendre dans une certaine logique. Pour en revenir à Johnny Clegg, j'ai beaucoup apprécié cet artiste durant mon enfance au point de posséder son fameux album « In my african dream ». Je peux dire que c'est grâce à lui que j'ai été sensibilisé par le problème de l'apartheid en Afrique du Sud et non par Dulcie. J'ose l'avouer. Parfois, la musique permet de faire passer des messages plus efficaces que l'action militante... Cependant, ce sont des détails mineurs qui ne doivent absolument pas occulter une vie d'opposition contre un système assez inique basé sur la différence raciale. Ce combat et cette femme méritent tous les honneurs. En gros, je retiens que les services secrets sud-africain ont fait assassiner cette militante qui commençait sérieusement à les gêner et qu'on reproche à notre pays de pas l'avoir suffisamment protégée face à ces prédateurs. Cette BD rejoint la longue liste de ceux qui accusent le pouvoir politique français d'actes immoraux et criminels depuis de décennies. Sur le fond et la forme, c'est une biographie assez intéressante qui se laisse bien lire malgré la quantité d'informations fournies. Cela donne un tout autre regard sur les années de lutte contre l'apartheid avec parfois des connivences. A découvrir si on souhaite approfondir ce sujet assez délicat. Une lecture éducative et passionnante sur une femme formidable dont beaucoup de gens ne connaissent malheureusement pas le nom. Pour moi, cette BD a comblé une lacune.BDGest 2014 - Tous droits réservés