Résumé: Entrez dans le cercle fermé des services spéciaux. Paris, 1958. Dan a travaillé jadis pour les services très spéciaux qui exécutaient des crimes commandités par l'État. Aujourd'hui, il reprend du service. En compagnie de Fred, il va opérer dans la plus grande opacité. Ses missions ? Éliminer des hommes qui seraient liés au FLN et d'autres cibles nuisibles pour le gouvernent. D'Alger à Hambourg, il enchaîne les contrats en obéissant aux ordres « d'en haut ». Mais certaines missions obscures soulèvent des questions. À Alger, la situation dérape. Dan ne veut pas être le jouet d'une logique qui lui échappe ! Parfois, il ne sait même pas qui est l'homme à qui il vient d'ôter la vie. Malgré tout, il poursuit sa vengeance dans l'ombre : il n'a jamais oublié le meurtre de Jo et de Mona perpétré par le commissaire Brulls ! Mais Dan doit rester prudent : les règlements de comptes internes risquent de faire couler beaucoup de sang et si d'après les rumeurs, le général de Gaulle accède à la présidence, un « grand ménage » pourrait commencer parmi les exécutants.
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958, l’Europe finit de panser ses plaies, l’Algérie revendique son indépendance et Charles de Gaule lorgne la présidence. Daniel, un ancien résistant, a travaillé pour les services spéciaux français, une police parallèle, laquelle n’hésite pas à tuer. Retraité, le mercenaire est forcé de reprendre les armes. À l’aube de la Cinquième République, il semble que quelqu’un souhaite faire du ménage. Lui-même ne paraît pas à l’abri. Volte-face conclut le diptyque Du côté de l’enfer.
Noël Simsolo signe un polar inscrit dans les tensions géopolitiques des années 1950. Scénariste aguerri, il élabore une énigme tarabiscotée, où personne n’est totalement ce qu’il prétend, où chacun a un passé inavouable. Les personnages se révèlent nombreux, tout comme leurs motivations ; le lecteur s’y perd d’ailleurs entre les différentes missions confiées au héros, la menace planant sur lui, son désir de vengeance, sa quête de la femme idéale aperçue dans un tramway, les enjeux politiques actuels et ceux d’hier. Le lourd passif de certains résistants, ayant brutalement imposé leur loi à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, constitue sans doute la trame la plus intéressante de ce projet.
L'ambiance relève de l'univers cinématographique, l’esthétique rappelle du reste nombre de productions du 7ème Art de l’époque avec gangsters tirés à quatre épingles, galanterie aux accents de misogynie, sans oublier l’omniprésence des ambiances nocturnes. Ces clichés sont assumés, cela va de soi.
L’auteur réussit le tour de force de construire une histoire où personne n’est pas sympathique. Le protagoniste se montre un homme dur et impitoyable ; à l’image du tueur de Matz et Luc Jacamon, sans toutefois en avoir le charisme. Le bédéphile n’arrive pas à trembler pour lui quand il se trouve du mauvais côté du révolver.
Le dessin de Dominique Hé traduit l’atmosphère du milieu du XXe siècle, avec ses décors généralement fouillés, et rend bien l’esprit des villes visitées, que ce soit Paris, Bruxelles ou Alger. Le jeu des comédiens est figé ; cela dit, le style du récit conditionne ce flegme. Les effusions de sang sont représentées par de très larges masses d’un rouge clair, lesquelles jurent avec le trait réaliste. La mise en couleur apparaît pour sa part un peu froide.
Un bon polar un brin complexe ; il sera préférable de relire le premier tome pour éviter d’être largué.