Résumé: 13 novembre 2015, Paris, Xe. Des coups de feu dans la rue. Descendus porter secours aux blessés, Kek et son amie Amélie se retrouvent vite désemparés. Les jours d'après ne sont guère plus faciles à gérer. Traumatisme, colère, sentiment de solitude, errance médicale, le quotidien se mue en tragédie. Et si l'art pouvait aider à se reconstruire ?
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3 novembre 2015, Paris, Xe arrondissement. Kek, invité chez Amélie, finit de déjeuner quand une pétarade se fait entendre dans la rue. Pot d’échappement défectueux ? Poubelles maltraitées ? Feux d’artifice ambitieux ? Non, il s’agit bel et bien de coups de feu, cent vingt-et-un exactement. Apeurés et ignorants encore tout des tragiques évènements se déroulant dans la Capitale, ils décident de descendre et d’aider le cas échéant. Arrivé devant Le Petit Cambodge, c’est un bain de sang : treize morts et des dizaines de blessés. État de choc, incompréhension et colère. Malgré le temps qui passe, ils ne peuvent oublier ce qu’ils ont vu. Rencontres avec des psychologues, traitements divers et un énorme travail sur eux-mêmes, ils vont mettre des mois, voire des années pour surmonter ce traumatisme.
Habitué des récits autobiographiques humoristiques, Kek change de ton, mais pas de manière afin de raconter l’horreur et les conséquences de ces terribles attentats sur lui et son amie. Retracer simplement ces heures bouleversantes et décrire le plus honnêtement possible les différents états psychologiques et étapes par lesquelles ils sont passés. Après des premières heures et jours dans la stupeur et l'hébétude, ils entament un long cheminement chaotique peu visible de l’extérieur et par leurs proches. En effet, face au bilan indescriptible de ce drame national, leurs cas semblent pratiquement triviaux. Pourtant, ils souffrent. Amélie tombe dans une profonde dépression et Kek doit son rétablissement en grande partie au dévouement de nombreux professionnels de la santé mentale.
Œuvre évidement cathartique pour l’auteur, Du beau avec du moche va plus loin que le simple témoignage. Sans donner de leçon ou inutilement pointer du doigt tel ou tel comportement, l’ouvrage démontre par l’exemple que n’importe qui peut être affecté par des circonstances impensables. Ces réactions sont multiples, parfois tardives ou détachées, mais jamais innocentes et doivent être impérativement suivies médicalement.
L’album se finit sur une note plus optimiste avec la réalisation d’un projet artistique original. Comme le titre l’indique, il est heureusement possible et nécessaire de faire Du beau avec du moche et de trouver un exutoire salvateur à la tristesse infinie.