Résumé: Un Ouest mythique. Des cavaliers de légende.
1779. Les séries de raids meurtriers menés par le chef Tavibo Narigant, que les espagnols surnomment Cuerno Verde, ont fini de convaincre le gouverneur Juan Bautista de Anza de s'attaquer à ce dangereux chef de guerre comanche. De Santa Fe au Nouveau-Mexique, il rassemble quelques 150 dragons accompagnés de 450 miliciens espagnols et indiens avant de pénétrer dans la comancheria. En parallèle, dans le camp comanche, Madeline n'espère même plus être sauvée. Elle a embrassé son rôle de protectrice des femmes prisonnières du camp. Mais très bientôt, la guerre, le chaos et la mort viendront bouleverser le triste quotidien auquel elle s'était accoutumée.
Western espagnol plein de sang, de drames et d'héroïsme, Les Dragons de la Frontière réussit le tour de force de respecter les codes du genre tout en y apportant un nouveau souffle, et nous replonge dans les décors mythiques de la légende de l'Ouest américain.
D
ans ce qui est encore la limite septentrionale de la vice-royauté de la Nouvelle-Espagne, les troupes comanches font régner la terreur. Le gouverneur Juan Bautista de Anza ne peut laisser leur chef, Cuerno Verde, narguer impunément la couronne. Forts de cent cinquante Dragones de cuera accompagnés de quatre cent cinquante miliciens espagnols, il contournera les belliqueux guerriers par le Nord et devra, pour l’occasion, se montrer aussi bon stratège que fin diplomate.
Suite et fin du diptyque de Gregorio Harriet et d’Ivan Gil dans un Ouest qui n’était pas encore lointain.
Pour celui qui ne lirait pas avec soin les bas de pages, Les dragons de la frontière pourrait être pris pour un western uchronique. Ce serait une erreur, car pendant que la France préparait sa Révolution, l’Espagne tentait d’assoir sa domination sur des terres qui n’adhèreront à l’Union qu’au début du 20ème siècle (Arizona et Nouveau Mexique !). Cette période de l’histoire du continent nord-américain semble avoir été oubliée, sauf peut-être, pour les aficionados de Zorro ! Aussi, faut-il saluer l’initiative de Gregorio Harriet qui la fait revivre en deux albums et montre que ces contrées qui ne nous semblent n’avoir existé qu’à travers la réécriture qu’en a fait Hollywood, n’étaient pas des déserts inhabités. Pour ce faire, le scénariste de Féroce s’est plongé dans les archives pour appréhender au mieux la complexité de l’époque et pouvoir réinventer l’épopée de ces cavaliers armés jusqu’aux dents, capables de recharger par la gueule leur fusil tout en chevauchant ! Mais le souci de vouloir préserver un fond de vérité, par le biais d’un récit où s’enchevêtrent personnages historiques et de fiction, ralentit singulièrement ce second volet ; phénomènes que viennent amplifier des dialogues consistants et une géographie tatillonne. Parallèlement, le dessin d’Ivan Gil se révèle extrêmement détaillé, mais finit - en raison d'une surcharge d’informations visuelles - par saturer lui aussi l’organisation des planches et, in fine, pénaliser encore la fluidité de lecture.
Précis historiquement, dense graphiquement, Les dragons de la frontière permet de révéler au plus grand nombre que l’Ouest ne s’est pas uniquement conquis depuis l’Est !
Les avis
BudGuy
Le 11/11/2021 à 14:48:26
Suite et fin des dragons de la frontière à la poursuite du chef Tavibo Narigant afin de mettre un terme à ses agissements hostiles à l'égard de ses voisins espagnols.
Un opus dans la continuité du précédent au niveau graphique: autant dire toujours du très bon.
Les auteurs ont pris le parti de coller au maximum à la réalité historique des évènements de 1779 (alliance avec les Apaches, éradication des Comanches un peu trop belliqueux, reconnaissance des terres appartenant aux autochtones). Dans un souci de réalisme, des mots des dialectes amérindiens sont davantage utilisés et explicités en bas de page; de même que des indications historiques sourcées via certains dialogues.
Je suis néanmoins plus circonspect vis à vis des scènes de bataille qui manquent de clarté et de développement, de même que certains personnages auraient mérité plus de pages. Il y a un peu de frustration dans le sens où le sujet est très intéressant et assez inédit à raconter mais peu de pages pour y arriver. Le fait d'utiliser un récit choral y est pour beaucoup, de même que le nombre de tome.
Un très bon opus néanmoins j'en aurais bien souhaité un troisième pour plus d'équilibre.