Résumé: Athènes, en Grèce. Kô, un Grec d'origine chinoise met la main au marché noir sur un objet ayant appartenu à Schliemann et, se faisant passer pour Iriya, essaye de le revendre. Mais peu après les gens commencent à décéder de manière étrange autour de lui, et Kô lui-même échappe de peu à la mort. Il décide alors de rencontrer celui dont il a usurpé l’identité...
I
l y a déjà quelques temps que Wilhelm Endre, richissime homme d’affaires, a réuni quelques passionnés tout aussi fortunés que lui un soir de pluie à Vienne. Passionnés par quoi ? Le mystère de l’Atlantide. Après s’être procuré le journal de Paul Shlieman, un émérite archéologue, il est convaincu qu'en réunissant d’importants moyens, le continent perdu et ses secrets sont à portée de main. Depuis des siècles, un ordre secret a réussi à faire échec, par tous les moyens, aux velléités de ceux qui s’en approchaient d’un peu trop près. Endre sera victime de la trahison d’un des milliardaires dont il avait fait un associé et qui semble lié à cette organisation. Sa fille, Yuli, qu’il avait mise dans la confidence, et l’homme qu’il avait choisi pour conduire les recherches, Shuzo Iriya, homme de l’art tombé en disgrâce dans le milieu et reconverti brocanteur, poursuivent son entreprise.
Après trois tomes, sous la houlette d’un des scénaristes de 20th century boys, Dossier A. propose un mélange équilibré d’aventure, d’Histoire et de mythes revisités, d’humour et de frissons légers, de suspens habilement entretenu, le tout agrémenté d’une petite touche de morale distillée à l’occasion et d’étapes choisies ça et là sur le globe. Idéal pour des ados qui veulent lever le pied sur les quêtes de type d' "élus" habituelles, sur les bastons à répétition ou les bluettes à l’eau de rose dont certains sont gavés. L’opposition entre la pureté des protagonistes et la noirceur des desseins des étranges membres du groupe « Le vieux de la montagne » ne souffre d’aucune ambigüité mais ne devrait pas constituer un obstacle pour attirer des lecteurs plus âgés. Très classique et parfois un peu convenu, sans doute, mais tout à fait plaisant, rythmé et riche en rebondissements. Il n’y a pas, a priori, plus de risque de voir les deux héros tomber dans les bras l'un de l'autre. Même la présence de personnages secondaires (une mère envahissante et un « neveu » surdoué qui n’ont pas leur langue dans leur poche), chargés d’introduire des accents de comédie dans les scènes où l’action se ralentit, ne donne pas de l’urticaire même si l’on n’est pas nécessairement bon client.
Bien sûr, une fois passé le premier volume chargé de jeter les bases de la série, le déroulement du feuilleton risque de paraître un peu automatique en reconduisant un schéma éprouvé : rencontre avec un personnage secondaire, interaction avec Yula ou Shuzo (ou les deux), résolution d’une énigme qui fera faire un petit pas dans la résolution de la grande, menace de la secte, messages plus moraux que spirituels malgré les références aux philosophes de l’Antiquité. La manière employée pour délivrer ces derniers ne s’embarrasse pas de subtilités superflues pour les dispenser mais des laïus du type « Croyez en vos rêves », « Avant d’obtenir la reconnaissance des autres, il faut se respecter soi-même », « Seule la passion a le pouvoir de toucher le cœur de quelqu’un. Pas (son) mérite ou (son) nom », ça ne fait jamais de mal, à n‘importe que âge.
Taillée pour le grand public - ce qui est une qualité -, Dossier A. dispose de tous les atouts du travail de pros : mécanique parfaitement huilée, intrigues renouvelées, utilisation habile du fil rouge qui fait le lien entre les épisodes, problèmes soumis aux lecteurs priés de se creuser les méninges en même temps que Shuzo, graphisme précis pouvant convenir au plus grand nombre. La série ayant décollé et atteint sa vitesse de croisière, sur ces bonnes bases et sauf incident de parcours, les 14 tomes s’avaleront avec plaisir. Ils pourront aussi passer entre les mains des parents, y compris de ceux qui ne lisent qu'un manga ou deux dans l'année, et de leurs ados pour le plaisir des deux générations.