Résumé: En un instant, le quotidien de toute l’humanité vole en éclats et l’enfer déferle sur Terre. Des nuées d’insectes volants aux piqûres mortelles déferlent brusquement partout à travers le monde, rapidement suivies de monstrueuses “poupées” géantes qui déciment la population. Face à cette menace, Iruma Ikaruga, un lycéen au moral d’acier, va tout faire pour tenter de sauver son meilleur ami et la fille dont il est amoureux, mais l’énigmatique envahisseur est implacable !
C
ela fait six mois et l'invasion de la Terre par des poupées géantes, que Iruma Ikaruga tente de survivre, tant bien que mal, seul, en évitant les «Dollies». Ces étranges créatures ont exterminé 99% de la population, dont ses proches, sans dire un mot, sans explication, ni revendication. Depuis ce jour funeste, il erre dans les rues de sa ville en espérant parvenir à mettre un terme à son mal-être. Aussi, lorsqu'il rencontre la jeune Vanilla et qu'elle lui expose son mode de vie et son but, de nouvelles perspectives s'offrent à lui.
Ça commence comme une série catastrophe avec une extermination en règle : massive, brève et sans pitié. Mais très vite, Yukiaki Kurando agrémente sa trame d'un aspect psychologique bienvenu. En dotant son héros de la «culpabilité du survivant» il tente d'éviter le banal récit post-apocalyptique et lui offre une épaisseur intéressante, tant dans les ressorts possibles pour son évolution qu'en terme d'empathie. Malgré quelques poncifs habituels du genre, l'univers construit par le scénariste - dont c'est la première œuvre publiée en France - laisse entrevoir un joli potentiel. En effet, l'apparition des survivants lui permet, au gré de leur découvertes, de distiller des informations sur les Dollies mais également de revenir à des relations humaines plus classiques. À loisir, il peut alors faire progresser ou rebondir son intrigue, le tout en jouant sur la tension liée au danger omniprésent.
Visuellement, la variété des séquences laisse découvrir un auteur talentueux qui signe là lui aussi sa première œuvre. Sans tomber dans l'escalade d'effets, notamment lors d'une ouverture horrible et sanguinolente, Yûsuke Nomura propose un trait de plus en plus sec et anguleux au fil des pages. En avançant dans la lecture, son style s'affirme et se révèle diablement efficace pour souligner la vitesse et l'action des scènes de combats. Pas exempt de défaut - l'abus de plans serrés sur des regards effrayants peut s'avérer lassant - sa prestation s’avère toutefois convaincante. En plus d'appuyer le côté anxiogène de la situation par des changements rapides d'expressions, le dessinateur fait preuve d'une belle maîtrise dans la mise en scène et le découpage, et maintient une lisibilité constante.
Flippant et mené à un rythme ultra-nerveux, ce seinen constitue une entrée en matière intéressante. Il faudra toutefois éviter de tomber dans la facilité et transformer les promesses entrevues dans ce volume pour convaincre définitivement. En tout cas, les jolies poupées que le Père Noël ne manquera pas de laisser sous le sapin dans quelques jours risquent fort d'être regardées d'un autre œil...