Résumé: Le 30 novembre 1900, Oscar Wilde meurt, à 46 ans seulement, dans une chambre miteuse d'un petit hôtel rue des Beaux-Arts à Paris. Il avait été emprisonné cinq ans plus tôt pour homosexualité, et l'intégralité de ses biens avaient été saisis. Après deux ans de travaux forcés, une fois libéré, il avait quitté l'Angleterre pour Paris, sous une fausse identité, où il a vite sombré dans la déchéance. Démuni, alcoolique, il n'a plus écrit une seule ligne.
Antithèse de cette fin de vie misérable, l'existence du dramaturge et poète irlandais a été conçue comme une oeuvre d'art. Il considérait en effet sa vie comme le lieu de son génie, tandis que son oeuvre n'était que celui de son talent. Wilde a toujours aimé se regarder dans le miroir de La Divine Comédie, jusqu'à en comparer des passages à des épisodes de sa propre vie. Sa mort, image du drame implacable d'un homme ayant tout eu et tout perdu d'un coup, n'est en outre pas sans rappeler le huitième cercle de l'Enfer de Dante, le Malebolge.
Sous le pinceau virtuose de Javier de Isusi, dans une ambiance crépusculaire rehaussée par de superbes lavis sépia, se déroule l'inexorable descente aux enfers d'Oscar Wilde : dans les méandres de nuits parisiennes, entre alcool, voyous et prostitués, ou lors de rencontres avec Gide, Toulouse-Lautrec, les frères Machado et les rares amis qui ne l'avaient pas abandonné. Le récit de la chute du poète s'interrompt parfois pour donner voix et corps aux autres protagonistes de la tragédie qui se joue, à travers de brefs entretiens imaginaires délivrant anecdotes et impressions personnelles.
Javier de Isusi ne se borne donc pas au rôle de biographe scrupuleux à l'ouverture de son petit théâtre sur la scène duquel défilent les trois dernières années de la vie d'Oscar Wilde. Il se pose en investigateur, interrogeant l'homme et l'oeuvre. Qui était cet écrivain déchu qui, quelques années plus tôt, outrait les conformistes avec ses phrases assassines et ses élégants paradoxes ? Le personnage Wilde avait-il fini par engloutir son créateur ? Pour quelles raisons avait-il cessé d'écrire à sa sortie de prison ? Tentant d'éclaircir ces quelques mystères, Javier de Isusi fait petit à petit tomber le masque du poète.
Il dresse un portrait d'homme sans filtre tout en livrant un récit passionnant sur l'art et la vie, la morale et le plaisir, l'être et le paraître. Le 22 octobre 2020, Javier de Isusi s'est vu décerner le prestigieux Premio Nacional del Cómic, sous le parrainage du ministère de la Culture espagnol, pour La Divine Comédie d'Oscar Wilde.
E
n 1897, au terme d’une peine de deux ans de prison pour pédérastie, Oscar Wilde s’expatrie à Paris où il se présente sous le nom de Sébastien Melmoth. L’écrivain est fauché, il peut heureusement s’appuyer sur une poignée de bons amis, lesquels l’aident à garder la tête hors de l’eau. Il est toutefois brisé, la flamme s’est éteinte ; alcoolique, il est prisonnier d’une spirale autodestructrice le conduisant tout droit aux enfers. Une conclusion cohérente pour celui qui a toujours fait des parallèles entre son cheminement et La divine comédie de Dante Alighieri.
S’attardant à ses dernières années, Javier de Isusi raconte un être déchu qui voit son existence comme une œuvre. Celui-ci n’écrit plus, peu importe, car c’est de sa personnalité flamboyante, de son carnet mondain et de ses excentricités dont il se montre le plus fier. L’Espagnol le décrit crûment, sans concession. Il le regarde sombrer, froidement, cliniquement. Tel un journaliste, il convoque certaines de ses connaissances pour des entretiens imaginaires. Cette plongée dans le crépuscule de la vie du romancier se révèle fascinante ; peut-être est-elle un peu longue, cela dit, elle n’apparaît jamais ennuyante. Le livre se lit d’ailleurs assez vite, malgré ses trois cent soixante-seize pages.
En feuilletant ce bouquin, le bédéphile note d’emblée le magnifique travail au lavis sépia. Les teintes donnent au projet un côté vieillot, presque sobre, en rupture avec le héros qui ne l’est surtout pas. Le dessin est sommaire, l’artiste s’en tient à l’essentiel, aux personnages, avec parfois un bout de rue, une table ou l’intérieur d’un restaurant. Et c’est suffisant. Après tout, au théâtre, la performance des acteurs compte bien plus que les décors en carton-pâte.
Le portrait d’un homme devenu sa propre caricature.
Les avis
Erik67
Le 28/05/2022 à 07:06:54
Encore un auteur britannique considéré comme l'un des meilleurs de sa génération et qui va subir les affres de la bien-pensante justice de la moralité. En effet, il avait des mœurs sexuelles interdits par la loi comme par exemple l'homosexualité. Certains pays répriment encore ce crime de la peine de mort.
Je pense également à un autre britannique de génie à savoir Alan Turing qui va terminer sa vie dans la misère alors qu'il est à l'origine de ce qui va fonder l'informatique. Poursuivi en justice en 1952 pour homosexualité, il choisit, pour éviter la prison, la castration chimique par prise d’œstrogènes.
En l’occurrence, on va se concentrer sur la dernière année de vie du célèbre écrivain Oscar Wilde qui s'est réfugié dans un hôtel à Paris après avoir fuit son pays qui m'a emprisonné durant deux ans. Au terme de trois procès retentissants, Oscar Wilde avait été condamné pour « grave immoralité » à deux ans de travaux forcés. Ruiné par ses différents procès, il a été condamné à la banqueroute. Il meurt à Paris en 1900, dans le dénuement, à l'âge de quarante-six ans.
A la fin de l'ouvrage, on aura droit à un repère biographique au sujet d'Oscar Wilde qui a eu une courte vie : de 1854 à 1900. Il y a également la galerie des amis d'Oscar Wilde avec une biographie de chacun d'eux assez détaillé.
La BD est assez bavarde mais joue surtout sur les relations amicales de l'écrivain dandy avec son entourage qui l'a suivi jusqu'à la fin. Oisif, Wilde sort avec ses amis ou fréquente de jeunes prostitués à Paris. Comme il le disait, il peut résister à tout sauf à la tentation.
C'est toute cette dernière période de sa vie qui sera exploitée avec des dialogues assez vifs et incisifs ce qui caractérisait sa personnalité. Il est attachant malgré tout.
Oscar Wilde reste une figure majeure de la littérature dont l’atmosphère singulière continue de provoquer l’admiration. Cette œuvre y contribue en tous les cas. Se rendant aux Etats-Unis pour une série de conférences, Oscar Wilde aurait lancé au douanier : "Rien d'autre à déclarer que mon génie" !