Le 05/09/2024 à 22:39:54
Christin est, pour moi, l'un de mes scénaristes préférés. Il raconte toujours quelque chose...d'autre. Son ton est toujours....différent. Il y a toujours un étonnement même si, oui, les thématiques sont toujours semblables....Christin est comme tout le monde, il a des fixettes. Et j'aime tant le dessin de Goetzinger! Si l'artiste n'est clairement pas dans le mouvement, elle est dans l'illustration. Quelle lumière! quelle précision! Et particulièrement dans cet opus qui est de toute beauté . Et puis il y a l'histoire, forcement un contre pied à l'Histoire avec le grand H. Raconter celles et ceux qui se sont plantés de camp, pire qui en avait rien à faire de la folie en cours. Parce qu'ils étaient des nantis, parce que, le ventre plein, ils pouvaient vivre leurs passions artistiques....passionnément. C'est l'histoire de Sacha Guitry au féminin. C'est l'histoire de tant d'artistes durant l'occupation qui n'ont pas compris ce qu'il se passait. Parce que, vivant dans l'opulence et les arts majeurs, ils n'ont pas vu la misère et les lois anti juifs. ou on fait semblant de ne pas voir, pour ne pas quitter leur monde confortable de bien séance. Les personnages sont sublimement dessinés dans leurs psychologies. Car rien n'est simple dans ces non choix, ces lâchetés du quotidien, dans ces miroirs aux alouettes.... Le personnage principal, en ce sens, est d'une précision psychologique indéniable pour raconter tout cela.Le 03/12/2020 à 14:27:25
J'ai été si vindicatif dans le passé avec ces deux auteurs qui n'ont pas produit d'oeuvres qui m'ont jusqu'ici réellement marqué. Je vais donc me rattraper avec celle-ci qui sort du lot. Bon, le dessin d'Annie Goetzinger reste toujours "un peu" statique ; on pardonnera aisément au vu de la qualité de l'oeuvre. En effet, la narration nous fait tout de suite nous intéresser au destin de cette diva de l'opéra dans la période troublée de l'entre-deux-guerres et de l'abominable seconde guerre mondiale qui a divisé la France en deux camps. Malheureusement, cette passionnée de chants de musique classique a été mêlée malgré elle à la tourmente de l'Histoire. Celui qui aimait Wagner était forcément un nazi. J'ai apprécié tout particulièrement la vision des auteurs sur une partie de l'histoire qu'on occulte ou qu'on magnifie à souhait. Cette vision est justement point manichéenne. Déjà dans la série similaire Les Morin-Lourdel, la conclusion qu'on pouvait en tirer était que les libérateurs héros n'étaient pas aussi clean et qu'on pouvait être considéré pour un traitre alors que ce n'était pas forcément le cas. Les préjugés ont gagné les esprits pour conjurer toutes ces années de souffrances. La même réflexion est reprise ici également. On apprend qu'on a massacré brièvement des fonctionnaires de petites mains alors que les gros vrais responsables ont toujours pu échapper aux mailles du filet pour se retrouver soit patron de la presse, soit général ou haut fonctionnaire. Le monde est injuste. Cette bd loin d'être révisionniste est là pour restituer certaines vérités à qui veut bien l'entendre.Le 23/06/2019 à 22:40:45
Du grand art. Pour moi, le meilleur album de Goetzinger. Une histoire bouleversante, un dessin superbe, une subtilité d'approche. La lecture de cette album (qu'il faut replacer dans le contexte des années 80) m'a touchée au plus profond de l'âme et constitue un des points d'entrée dans le monde de la BD pour la collectionneuse et éditrice que je suis devenue.BDGest 2014 - Tous droits réservés