Résumé: 2004. Étienne a 30 ans. Il est célibataire et vit à la campagne chez ses parents. Ses bandes dessinées ne lui permettent pas de gagner de quoi vivre et le journal local pour lequel il fait des reportages est sur le point de disparaître. Alors, lorsque le mari de sa tante Christiane, Shozoul, lui propose de les accompagner au mariage de sa soeur dans le village où il a grandi, quelque part sur le sous-continent indien, Étienne y voit l'opportunité d'élargir son horizon et de prendre un nouveau départ. Lors d'un long mois en immersion dans la famille de Shozoul, entouré d'oncles et de cousins, dans un paysage aride et poussiéreux, Étienne apprend à porter le longhi, à parler bengali, à vivre au rythme des appels à la prière, se prend à rêver à la douce Oushma, distribue des cigarettes et tire le portrait aux habitants du village. Il y subit aussi le choc des cultures, et ne parviendra pas à sortir de son statut de « meman », objet de curiosité, de convoitise ou faire-valoir selon les situations, de par sa couleur de peau et son origine.
Il reviendra de ce voyage avec l'intention d'en faire un livre, de se trouver une copine et de quitter ses parents. Quatorze ans plus tard paraît Desh...
C
ertains vont se ressourcer au bled, Étienne est allé au desh. La différence ? Plusieurs milliers de kilomètres et quelques coutumes. Bienvenue en Inde, à moins que ça soit le Bangladesh ou le Pakistan. Qui sait ? On ne comprend rien de ce qu’ils disent.
Fraîchement licencié par son employeur, Étienne peine à rebondir. Ses BD ne sont pas près de le faire vivre et, à trente ans passés, continuer d’habiter chez papa-maman commence à lui peser. Il profite d’une invitation à un mariage quelque part dans le sous-continent indien (le lecteur n’en saura pas plus) pour aller faire un peu de questionnement intérieur. Cela a bien marché pour Cosey et Jonathan. Sous la coupe de Shozoul, son oncle par alliance, il débarque à l’autre bout du monde dans un univers incompréhensible. Servant de preuve vivante de la réussite de son parent (arrivé clandestin en Occident), il est ballotté d’un cousin à l’autre tel un trophée.
Quatorze ans après les faits, Tofépi retrace ce voyage exotique et étrange. Il n’a rien d’un aventurier et encore moins d’un ethnologue et il passe son séjour dans une sorte d’apathie mêlée de curiosité. Il observe, goûte et tente de faire bonne figure. Après un mois, le constat est clair, il est et restera toujours un étranger sur ces terres. De plus, sa qualité d’Européen est synonyme de richesse et l’innombrable parentèle qu’il rencontre n’aura cesse de tenter de profiter de ses largesses supposées.
Amusant et abordable grâce à un trait tout en rondeur, l'album s'avère on ne peut plus sympathique. L’auteur se garde bien de tomber dans la sociologie comparée et raconte ses impressions d’une manière directe et sans chichi. Une dose d’auto-dérision et beaucoup d’humour font le reste. Néanmoins, il aurait été intéressant de confronter son expérience avec celle de son oncle. Celui-ci, en débarquant en France quelques années auparavant, avait certainement enduré un choc culturel similaire.
Travelogue original loin des canons du genre, Desh relate avec piquant et plus de subtilités qu’il y paraît le dépaysement et la découverte.