Résumé: Prisonnier d'une geôle lugubre, le père de Halfdan Pisket se souvient du moment où il habitait ce village non loin de Kars dans la zone frontalière instable entre la Turquie et l'Arménie. Né dans une famille aisée, d'un père turc et d'une mère russo-arménienne, il y menait une vie d'adolescent presque normale même si les alentours sous tension étaient surveillés par les conscrits turcs - les « sans-visage ». Toutes les religions et coutumes cohabitaient en paix mais la terre sombre de ce pays recélait encore le souvenir funeste du génocide arménien. Les évènements dramatiques commencent à s'accumuler lorsque son meilleur ami est abattu par les « sans-visage », alors qu'il ne faisait que prendre du bois dans la forêt. Suite au choc émotionnel, rempli de haine, le jeune homme est terrassé par ses premières crises d'épilepsie. Alors qu'il est enrôlé de force dans l'armée des « sans-visage », il suffira qu'une visite à son père malade soit refusée par sa hiérarchie pour qu'il décide de prendre la fuite. Très vite repris, c'est de cette sinistre geôle qu'il nous raconte - quand il n'est pas torturé - son histoire chaotique, au rythme des crises d'épilepsie et des flash-back, créant ainsi une pulsation très singulière entre la réalité transcendée pleine de poésie et le récit historique. Basée sur des interviews du père de l'auteur et des anecdotes tirées de sa vie dans les années 60-70, cette histoire troublante d'une famille qui part en lambeaux est sublimée par un dessin intense, tourmenté et convulsif.
Cette lecture assez sombre n'a pas été facile d'accès. Pourtant, le sujet m'intéressait au plus haut point. On se perd véritablement dans cette trame narrative assez pesante. Le dessin en noir et blanc assez gras n'est guère reluisant avec un encrage assez massif et de toutes petites cases.
C'est un album expiatoire pour l'auteur pour laisser ressortir une certaine souffrance qu'on n'a pas forcément envie de partager. Point de pathos mais de la lourdeur dans la forme avec des choix graphiques assez oppressants. Le récit d'une grande dureté nous épargnera rien. Bref, il faut réellement en avoir envie.