Résumé: France, début des années 1970, trois femmes, trois vies et trois grossesses subies. Chacune d'entre elles décide alors de se rendre en Angleterre dans un bus affrété par le Mouvement pour la liberté de l'avortement et de la contraception. Florence Cestac et Tonino Benacquista signent une oeuvre rare, d'une grande humanité, sensible et souvent drôle sur un sujet particulièrement délicat, l'avortement.
À travers de magnifi ques portraits de femmes, "Des salopes et des anges" ne juge pas, mais parvient tout en finesse à remettre en question les certitudes. Indispensable.
I
l y a près de quarante ans, à la suite d'une bataille législative haineuse d'une rare violence, la loi légalisant l'avortement a été adoptée à l'Assemblée Nationale Française. Il aura fallu des années de combat aux différents mouvements féministes pour arriver à ce résultat. Des salopes et des anges revient sur cette période où les femmes avaient réussi à gagner le droit de disposer de leur corps.
Mélangeant allègrement rappels historiques et fiction, Des salopes et des anges propose, certes, une évocation salutaire de cet important épisode de la lutte féministe, toutefois le ton pratiquement scolaire plombe quelque peu la lecture. Le propos est très bien documenté, mais présenté d'une manière bien peu séduisante. Les doutes, les peurs, la honte, la douleur, rien n'a été oublié dans la description des trois femmes imaginaires servant de fil rouge à cet opus. La narration de Tonino Benacquista est complète et précise, en revanche, elle n'offre aucun développement dramatique digne de ce nom. Une approche purement historique aurait peut-être été plus judicieuse. Aux pinceaux, Florence Cestac reprend, une fois de plus, la formule graphique qu'elle a développée dans ses précédents albums, particulièrement Le démon de midi et Le démon de l'après midi. Étonnement, son style « gros nez » si caractéristique ne l'empêche pas de dépeindre avec efficacité les affres traversées par ses héroïnes.
Malgré de très bonnes intentions, Des salopes et des anges pèche par sa conception, hésitant trop entre fiction et témoignages.