A
ux abords du Nil, au temps où les Dieux avaient encore une influence sur l’Egypte, un frère et une sœur se déchirent pour conquérir le trône. Ptolémée, qui occupe actuellement la place aura fort à faire pour la conserver car il doit faire face aux nombreux complots et trahisons qui agitent la cour. De son côté Cléopâtre, qui agit dans l’ombre, remet son destin entre les mains de Rahotep, un jeune liseur de songes, visiblement protégé par les divinités.
Difficile de lancer une nouvelle bande dessinée ayant pour sujet l’Egypte ancienne, la place étant déjà occupée par la grande série Sur Les Terres d’Horus. Patrick Weber, auteur de plusieurs séries à consonance historique (Les Fils de la Louve, L’œil de Jade) aborde ici la vie et l’accession au trône d’un des personnages à la fois les plus emblématiques mais aussi les plus secrets de l’Egypte ancienne, celle de la reine Cléopâtre. Ce premier tome est consacré à la lutte qui l’opposa à son frère Ptolémée, une introduction remplie de trahisons, et autres coups bas, faits qui sont monnaie courante lorsque la lutte pour le pouvoir est en jeu. L’auteur a choisi de situer son récit dans un registre semi-réaliste car il a introduit tout au long de son récit la présence et les actes des Dieux. Ce parti pris fantastique gêne cependant un peu le récit parce qu'il n'est pas souvent bien identifié graphiquement à l’image du duel d’entrée entre Seth et Osiris. L’intrigue est correctement menée, mais on regrettera également qu’elle ne développe pas plus en profondeur certains aspects historiques pour mieux s’imprégner de l’époque. A noter également, un découpage qui manque parfois de cohérence, même si l'ensemble est bien documenté et que l'auteur domine son sujet.
Au niveau du dessin, le dessinateur italien Giancarlo Caracuzzo, qui signe là son premier album en France, a choisi de privilégier l’intrigue et l’action avec un trait assez épais, laissant un peu de côté les somptueux décors de cette période de l’Egypte. Il attache moins d’importance à cet aspect historique qu’ont pu le faire de manière différente Isabelle Dethan sur les Terres d’Horus ou Philippe Delaby sur Muréna. La coloriste Dina Kathelyn renforce cette impression avec une mise en couleurs trop sombre par moments.
Le Cobra du Nil est une introduction honorable pour une série consacrée à la belle Cléopâtre. Pourtant, il ne laisse pas un souvenir extraordinaire et risque de frustrer les amateurs de l’Egypte au temps de la Rome Antique. Un deuxième tome est déjà annoncé dans cinq mois, et les auteurs promettent deux albums par an.