Résumé: Ambitieux récit d'aventure à hauteur d'insectes, Le Dernier Arpenteur des sables retrace le parcours périlleux d'une expédition scientifique menée par un petit groupe de coléoptères, à la recherche de nouvelles formes de vie, leurs découvertes étant susceptibles de remettre en cause l'ordre social imposé depuis des temps immémoriaux dans leur cité de Coléopolis... Scènes d'action enlevées, personnages bien campés, dialogues humoristiques : Le Dernier Arpenteur des sables est une curieuse fable politique qui combine rigueur scientifique et divertissement.
À
Coléopolis, il est de notoriété publique qu’il n’y a pas de vie ailleurs que dans la cité. Pourtant, un petit groupe de coléoptères obtient le droit de monter une expédition scientifique pour rechercher l’existence d’autres formes de vie. La première que l'expédition rencontre, un serpent, manque de leur être fatale. La deuxième, sans bien savoir ce qu’ils ont découverts (un squelette), déclenche l’excitation de l’ensemble de la troupe. Seul le professeur Owen, Ministre des sciences et farouche tenant du dogme en vigueur, semble circonspect. Opposé à cette équipée, il voit d’un mauvaise œil cette trouvaille et profite de la nuit pour expédier le reste de la troupe à des lieues de leur campement. Officiellement, seul survivant d’une opération vouée à l’échec, il ne sait pas que ces ex-compagnons ont plongé dans un univers fait de milles merveilles et dangers, et qu’ils espèrent bien revenir faire éclater la vérité et régler leurs comptes.
En cette période de rentrée surchargée de sorties bien souvent très (trop) formatées, venez découvrir Le dernier arpenteur des sables, livre aussi inattendu que réussi, tant il est riche, dense et foisonnant. Jay Hosler est entomologiste et professeur de biologie. Passionné de dessin, il considère la bande dessinée comme un medium pédagogique. Son nouvel album est d’abord une magnifique aventure. On y retrouve tout ce qui fait le charme de ce genre d’histoires : des héros bien campés et attachants, une équipe dont la composition et les relations réservent des surprises, des rebondissements nombreux s’enchaînant habilement ainsi qu'un vrai méchant bien détestable. Traversés de traits d’humour, les dialogues bien construits participent pleinement à cette vie que l’auteur parvient à créer. L’extravagance est également au rendez-vous avec ces petites bestioles civilisées qui manient des explosifs, font des recherches archéologiques ou créent des cyborgs.
À cette imagination fertile, il faut rajouter des solides connaissances scientifiques et que chaque situation ou événement s’appuie sur les caractéristiques des différentes espèces évoquées. Il est intéressant de s’apercevoir que ce qui aurait pu passer pour une invention ou une fantaisie de l’auteur n’est en réalité qu’un « miracle » de la nature. Le carnet de notes figurant en fin d’album est à ce sujet tout à fait instructif. De plus, au-delà du simple divertissement, comme autant d'échos qui renvoient à l'actualité du moment, Jay Hosler construit une fable dans laquelle les différents protagonistes incarnent le combat éternel entre curiosité, soif de savoir, ouverture vers l’inconnu, mais aussi repli sur soi et peur de la remise en cause d’un ordre social immuable.
Avec un graphisme en noir et blanc enlevé, cet ouvrage a de quoi séduire toute la famille, des plus petits qui suivront un récit passionnant, aux plus grands qui apprécieront l’intelligence de la structure narrative.