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Lorsque le dernier arbre aura été coupé, le dernier poisson pêché et la dernière rivière polluée ; quand respirer l'air sera écœurant, vous vous rendrez compte, trop tard, que la richesse n'est pas dans les comptes bancaires et que vous ne pouvez pas manger de l'argent. » Alanis Obomsawin
Un monde contaminé et surexploité à l’extrême, une méga-usine pétrochimique comme dernière source d’emploi et de nourriture (façon de parler, ce que sert la Hannibal Corp. ferait passer le solyent green pour du trois étoiles), c’est un véritable cauchemar éveillé qu’a imaginé Michelangelo Setola. Une équipe de maçons est engagée pour assurer la réfection d’un bâtiment totalement décrépi. Le matériel et les directives manquent. L’endroit est dangereux et pourri. Pourquoi continuer alors ? Pour faire quoi d’autre, nigaud ? C’est fini, il n’y a plus rien après. Juste ce lac aux eaux putrides et sombres.
Dérèglement climatique, travail précaire, pollution généralisée, violence sur animaux, etc. Le scénario rassemble toutes les tares de l’époque et les concentre au-delà du point de fusion. Glauques, poisseux, les dessins, au rendu proche de celui de l’eau-forte, dégoulinent de crasse et de suie. Les personnages sont atteint dans leurs chairs et suivent le même chemin vers la déliquescence totale. Un peu d’espoir ou d’humour, s’il vous plaît. Non, rien que des scènes d’horreur sorties des pires complexes industriels chinois ou nord-coréens. Un moyen de transport, n’importe quoi pour tenter de fuir cet enfer ? Si vous voulez, à vos risques et périls évidemment, la maison ne garantit rien.
Court récit sans concession, Les déchets est une lecture glaçante à la limite du supportable. Réveillé en sursaut pendant un mauvais rêve, l’auteur semble lancer un ultime cri au saut du lit : « Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance ». Pour lecteur averti.