Résumé: Shakespeare, l'homme aux deux visages.
Londres, 1605. Alors que la peste fait des ravages, le roi James confie une mission de la plus haute importance à William Shakespeare : retrouver Michael Morrisaw. Cet ancien acteur serait un espion qui menace la monarchie. Ce nom n'est pas étranger au dramaturge : alors que Morrisaw officiait dans sa troupe, il a disparu en lui volant le manuscrit de Macbeth ! Shakespeare entame une sombre enquête qui commence dans les bas-fonds de Londres, là où l'air est vicié de crime. Il connaît ces endroits pour les avoir fréquentés, mais aujourd'hui tout se trouble. En proie à de terribles cauchemars, Shakespeare est hanté par la vision obsédante d'un homme qui le suit et le nargue, un homme portant l'horrible masque au long bec de corbeau qu'arborent les médecins de peste. Plus Shakespeare pourchasse cette ombre fantasmagorique, plus sa raison vacille. Pendant ce temps, Morrisaw continue de semer des cadavres. Cet homme, impossible à retrouver n'existe-t-il que dans la tête de Shakespeare ? Pourtant dans les tavernes, les hommes se souviennent encore de lui. Les absences dont souffre le célèbre dramaturge vont bientôt faire basculer l'homme de lettres dans la folie. Est-il celui qu'il croit être ? Où est le manuscrit volé et qui est donc à l'origine de Macbeth, de Roméo et Juliette et d'Hamlet?
Pour leur première collaboration, Éric Liberge et Philippe Pelaez s'inspirent d'une des plus célèbres controverses de l'histoire littéraire : Shakespeare ne serait qu'un prête-nom masquant la véritable identité d'un autre poète de génie. oeuvre « méta » proche d'Angel Heart, le premier volet de cette trilogie conceptuellenous dévoile un homme dans la tourmente et donne forme à ses démons. Un thriller fantastique déroutant qui interroge la genèse d'une oeuvre, l'Histoire et nos croyances.
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605 ! James 1er a succédé à Elisabeth 1ère et peine à faire l’unanimité parmi ses sujets, à tel point que certains en viennent à conspirer. Un certain William Shakespeare est du nombre et, comble d’ironie, il est amené à s’enquérir de la disparition d’un membre de sa troupe, bagarreur notoire et espion patenté qui était sur le point de rendre publics ces noirs desseins envers la couronne
L’actualité de Philippe Pelaez frôle le stakhanovisme car en moins d’un mois, il signe déjà rien moins de quatre albums. Pour l’occasion, il s’associe à Éric Liberge sur ce premier volet de Bruit et de fureur, prévu en 3 actes.
Au fil des lectures, il apparait que Philippe Pelaez, malgré la diversité des styles auxquels il s’adonne, développe une constante : des scénarios bien ficelés qui s’avèrent souvent exigeants : Shakespeare en est l’illustration. S’inscrivant dans la trame historique et littéraire de l’époque, il prend pour prétexte la biographie en clair-obscur du dramaturge anglais afin de développer un script à mi-chemin entre récit historique et thriller fantastique. Le fil du récit est intriqué et les jeux de miroirs comme les faux-semblants mettent, au fur et à mesure que l’auteur de Macbeth glisse dans une paranoïa méphistophélique, l’attention du lecteur à rude épreuve. À l’unisson du propos, le dessin réaliste d’Éric Liberge est sombre, tourmenté voire étouffant. Son "jeu des lumières" renforce la dramaturgie d'un album dans ce qui pourrait être - toute proportion gardée - une forme de mise en abime de l’œuvre shakespearienne.
Dense et théâtral, ce premier opus d’un triptyque annoncé s’avère aussi exigeant que prenant !