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téphane s'est éloigné de Paris pour retrouver sa sœur dans leur demeure d'enfance. Leur père, sénile, n'est plus en mesure de l'entretenir et doit être transféré en maison de retraite. Le temps de régler quelques affaires, d'évoquer des vieux souvenirs et ces petites vacances à la campagne basculent dans l'horreur. En dehors de ce havre de paix, la violence couve. Suite à un risque majeur d'épidémie, le gouvernement interdit toute pêche, avec les conséquences sociales que cela entraîne. Puis, le plan Castel est déclenché et, avec lui, le chaos...
Si une date n'avait pas été inscrite en haut de la troisième planche, il aurait été impossible de situer ce récit dans un futur proche. Les détails sont trompeurs : troquet et place de village dignes des années 50, TGV et bagnoles datées 1990, réseaux sociaux d'aujourd'hui... Difficile d'imaginer être en 2073, malgré le prologue mettant en scène un poisson mutant sur le cercle polaire. Vu la pollution actuelle, c'est dans l'ordre des choses. Prévue en six tomes selon un billet publié sur le blog de l'auteur, cette série démarre en jouant avec les ficelles classiques du scénario post-apocalyptique : des gens normaux qui vivent des banalités, jusqu'à ce que leur quotidien prenne rapidement un tour chimérique. Touche par touche, l'étrangeté arrive, la végétation mute de façon exponentielle. Et c'est une sorte de Paléozoïque psychédélique qui envahit le sol, opérant un retour vers un monde primaire hostile où l'homme n'a plus sa place. La Terre a connu plusieurs extinctions majeures durant sa longue histoire et Wouzit compose la prochaine, celle qui verra la fin de l'humanité. Réduits à la barbarie, les survivants tentent de proroger l’inéluctable. Un brin confuse à mi-récit, la narration souffre d'un problème de rythme. Après une première partie très calme, tout s'enchaîne un peu trop brusquement sans que les indices ne puissent vraiment se raccrocher les uns les autres. Il en ressort une impression de précipitation, comme s'il manquait des cases ; un ressenti qui paraît incongru pour une série au long cours.
Au final, ce volume introductif génère plus d'interrogations qu'il n'apporte de révélations sur cette étrange évolution qui s'opère, ce qui incline à espérer des réponses dans une suite plus équilibrée.