Résumé: Yeon-lee et ses amies forment un groupe de quinquagénaires pour lesquelles la vie n'a pas toujours été une partie de plaisir. Mère de trois enfants, désormais célibataire, employée dans un société de nettoyage, Yeon-lee jongle comme elle peut avec les aléas du quotidien: un fils glandeur peu pressé de quitter le giron maternel, un patron adepte du mobbing et farouchement opposé à la création d'un syndicat, un amant instable, coureur de jupon et accro à la bouteille... Dans l'entourage de Yeon-lee, les choses ne sont pas beaucoup plus reluisantes, et toutes ses camarades se démènent dans des relations et des histoires «d'amour» aussi périlleuses qu'insécures: queutards pervers, chef libidineux, amants manipulateurs, bref, un florilège de personnages toxiques et désespérants. C'est en se basant sur les confessions de sa mère (à laquelle l'auteur a confié un beau carnet pour que celle-ci y décrive, sous la forme d'un journal intime, sa vie, ses amies et ses histoires d'amour) que Yeong-shin Ma a réalisé Les Daronnes, et ce qui aurait pu virer au témoignage sordide et pathétique est transformé ici en une comédie échevelée, certes un peu trash, mais dénuée de mépris pour ses personnages. Car ces daronnes sont incroyablement déterminées, et malgré leurs origines modestes, malgré les accidents de la vie qui jalonnent leur parcours, elles font face à l'adversité et se relèvent sans cesse, portées par une volonté de s'en sortir et de trouver leur propre version du bonheur. La vie et les rêves ne s'éteignent pas passés cinquante ans, c'est peut-être même là qu'ils commencent, semble nous dire Yeong-shin Ma à travers Les Daronnes, et une fois le livre refermé, on a toutes les raisons de le croire.
Après avoir vu sa sélection au FIBD 2024, je me suis procuré cette BD, en espérant passer un bon moment de lecture. J’en sors un peu mitigé.
Certes, le contexte d’écriture de l’oeuvre est intéressant : l’auteur s’est appuyé sur des notes transmises par sa mère pour les raconter en BD. Ses thématiques sont tout aussi peu communes : les relations amoureuses compliquées d’une femme coréenne d’âge mure, sa vie quotidienne etc.
Mais, j’ai eu du mal à adhérer aux graphismes de l’auteur (un trait fin, quoique cassant, des décors épurés), mal servis par un lettrage trop rond, ainsi qu’à son découpage, assez redondant. Quelques scènes se démarquent graphiquement du reste de l’ouvrage, ce qui accentue leur puissance émotive : scènes de crêpage de chignon, très expressives pour le coup, scène de flashback, lavage d’urinoir, conflit social etc.
J’ai un sentiment tout aussi contrasté pour la narration. Les scène de la vie de So-Yeon Lee sont assez rébarbatifs : j’ai peu d’empathie pour ces récits de commérages et autres tromperies. Si ça reflète l’histoire du personnage principal, c’est peu plaisant à lire et l’ensemble est assez décousu. Je me suis senti plus impliqué à partir du milieu du livre, lorsqu’on aborde enfin le conflit de So-Yeon Lee avec une autre femme (je vous laisse découvrir la raison), à la fois dramatique et un peu absurde.
En résumé, si les thématiques abordées par ce roman graphique sont fortes et inédites, qu’il y a de belles scènes, l’ensemble ne m’a pas convaincu. Vous voulez entrer dans la tête d’une femme de ménage corréenne ? Lisez-le ! Vous cherchez plutôt un ouvrage à l’efficacité d’un Maus ou d’un L’Arabe du futur ? Passez votre chemin !