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- La chronique
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Par D. Lemétayer
L
e titre original, « The Devil : Inside and Out », résume à lui seul les enjeux auxquels Matt Murdock était confronté. Le diable rouge est désormais en proie à ses vieux démons, de la prison de Ryker’s Island dont il parvint à s’échapper aux rues de Paris. Comment repartir quand vous avez tout perdu : amis, réputation, foyer ? Mais cette question, Matt n’est pas le seul à se la poser. Comment reprendre les rênes quand Brian Michael Bendis et Alex Maleev ont tant marqué la série ? Il ne suffit pas d’assurer la transition et la rupture est pareillement inconcevable. Surtout, Ed Brubaker était attendu au tournant. On ne signe pas Sleeper, Gotham Central ou Criminal impunément, le lecteur s'habitue à la qualité. Comment éviter le piège ? L'évasion de Matt est un premier pas vers la liberté : celle du personnage mais aussi celle de l'auteur. Désormais, Brubaker peut voler de ses propres ailes et rebâtir ce que Bendis s’était employé à déconstruire. Il s'agit de réinstaurer le statu quo ex ante. Bref, de faire dans la continuité discontinue. Le pari était risqué. Le premier volume s'affranchissait de l’obstacle sans difficulté, sans trop d’éclat non plus. Un passage de témoin en douceur. La série restait accessible, même aux non-initiés. De cette contrainte, en revanche, le second tome pâtit un peu et ceux qui n’auront pas suivi l’ensemble de la série en seront pour leurs frais tant les révélations s’annoncent déroutantes.
Mais ce que Le diable en cavale perd en lisibilité immédiate, Daredevil le gagne sur la longueur. Il était devenu indispensable de relancer la série, de jouer sur les fondamentaux sans rien perdre de l’esprit distillé par Miller et Mazzuchelli puis par Bendis et Maleev. Après la mort de Karen, l’éviction du Caïd, son identité secrète révélée au grand jour, une carrière ruinée, que restait-il à Matt Murdock ? Retrouver les coupables et se venger. Du pain béni pour Brubaker, son écriture d’un réalisme noir, sa capacité à maintenir de bout en bout la tension de l’intrigue, à aligner les enquêtes, le travail de détective, les rebondissements, les bagarres old school tout en soignant les personnages. Il est servi en cela par le dessin charbonneux de David Aja dans le premier épisode puis par celui de Michael Lark, qui œuvrait déjà sur Gotham Central.
Il reste cette impression de trop peu, ce sentiment de s’être fait flouer. Tant de pistes, tant d’énigmes balayées d’un seul trait. Le twist final est ingénieux à condition de ne pas y regarder de trop près. Il en laissera quelques uns perplexes tant les motivations des uns et des autres s’en trouveront obscurcies. Rien de très grave néanmoins et ce tome en demi-teinte n’enlève rien aux qualités indéniables de la série...
>>> Lire la chronique de Daredevil 13 : Le rapport Murdock .
>>> Lire aussi la chronique de Daredevil - Father.
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