Le 11/08/2024 à 09:00:24
Récemment, je suis tombé sous le charme d'une œuvre à savoir « au cœur des solitudes » d'un certain Lomig que je suis depuis ses débuts. Pour autant, j'avais loupé un de ses rares titres. Il faut dire que je croyais l'avoir lu car bon nombre de BD porte le même titre ce qui peut entraîner de la confusion chez le lecteur : « dans la forêt sombre et mystérieuse » de Winschluss, « dans la forêt » de Lionel Richerand, « Dans la forêt des lilas » de Nathalie Ferlut et enfin « Par la forêt » de Jean-Christophe Chauzy. Bref, on est bien servi côté forestier ! J'ai bien aimé le début qui nous plonge dans un monde apocalyptique mais assez réaliste sur la manière dont les sociétés de consommation vont se décomposer. C'est juste une sorte de toile de fond pour nous expliquer ce que peuvent ressentir deux filles qui se retrouvent orpheline dans une habitation isolée en milieu forestier. Oui, le propos ne sera pas dans le catastrophisme d'ampleur ; très loin de là ! A noter également qu'il s'agit de l'adaptation d'une œuvre originale de l'écrivaine américaine Jean Hegland sur la relation de deux sœurs dans une forêt de séquoia qui existe en Californie du Nord alors que la société technologique s'est effondrée. Cela a été publiée à la fin des années 90 avec une parution dans notre pays qu'en 2017. Sachant que la BD date de 2019, cela ne faisait que deux ans depuis la publication du roman qui a été un succès international. Cette écrivaine n'a écrit qu'un seul autre roman depuis. Au niveau graphique, je me rends compte que ce n'est pas aussi abouti que pour sa dernière œuvre ce qui prouve qu'il a fait des progrès. Bien sûr, le dessin reste tout à fait correct et lisible grâce à une belle précision du trait mais on est loin de s’exclamer sur la beauté de chaque planche. Bref, je n'ai pas ressenti la même chose même si on peut y retrouver une certaine douceur. Sur le fond, évidemment on peut être charmé par les thèmes de l'écologie et surtout de la résilience face à un monde nouveau et la perte d'être chers. Il s'agit de passer un cap difficile à franchir mais à deux, elles vont unir leur force pour y arriver même si elles emprunteront parfois des chemins douteux à faire frémir les censeurs au nom d'une certaine moralité. Dans le fond, c'est quand même un beau message qui nous est délivré. Oui, après de dures épreuves, il faut savoir revivre ! En conclusion, je dirai que c'est une belle adaptation à découvrir ! Bref, une valeur sûre !Le 04/01/2020 à 13:46:58
Une bd contemplative… C'est beau, c'est lent, c'est simple,... Peut être un peu trop simple. Un si gros livre, si luxueux, pour une histoire si simple, ce n'était pas nécessaire. Autre petite déception, contrairement au film et au roman original, on n'est pas totalement immergé par le récit.Le 18/11/2019 à 21:16:53
Une BD lumineuse qui invite à la contemplation autant qu’à la réflexion. Pourtant, les moyens employés par l’auteur sont assez simples. Juste du crayon, mais d’une légèreté bienfaisante. Lomig imprime humanité et profondeur à ses personnages et semble les caresser du bout de sa mine par son trait délicat, fouillé et nuancé. Il y a bien quelques maladresses ici ou là (notamment sur les pieds) mais cela n’entache jamais la beauté des planches. A la fois pudique et très intime, le récit capte l’essentiel. Il nous plonge dans le quotidien de 2 sœurs vivant dans un chalet niché au cœur d’une épaisse forêt, après que des troubles catastrophiques ont mis fin à la société telle qu’on la connait. L’auteur ne s’attache pas aux détails de la survie dans ce monde post apocalyptique, mais se focalise sur les liens, passés et présents d’Eva et Nell. Liens parfois fragiles, mais indéfectibles. Même si l’ensemble peut sembler un peu naïf, j’ai dévoré cet album, complètement pris par l’histoire, sa force, sa sensibilité et les questionnements qu’elle soulève. A noter enfin que l’édition est soignée (dos toilé de qualité, superbes couvertures, beau papier 150 g).Le 29/10/2019 à 20:05:00
Deux sœurs de 17 et 18 ans Nell et Eva doivent apprendre à survivre seules dans leur maison isolée au milieu d’une forêt de séquoias près de Redwood City dans le Nord de la Californie alors que, dans un futur proche, la société américaine s’est effondrée : les pannes d’électricité se sont multipliées, les magasins sont vides, il y a pénurie d’essence, les trains et les avions ne circulent plus, des épidémies se propagent et des survivants rôdent … « Dans la forêt » (« Into the forest ») était le premier roman de Jean Hegland. Originellement paru en 1996, il fut traduit en français, plus de vingt ans après en 2017. Il fait partie du courant de la « collapsologie » (ou littérature post-apocalyptique) dont Barjavel fut l’un des précurseurs en France. Lomig, qui avait déjà écrit une dystopie, (« Le Cas Fodyl » dans lequel il imaginait que le travail était devenu obligatoire et que les chômeurs parasites étaient condamnés aux travaux forcés) en est l’adaptateur pour les éditions Sarbacane. L’album commence par un flash-back sur l’enfance insouciante et complice des deux sœurs qui passaient leur temps à explorer la forêt près de chez elles. Puis, sans transition, on passe à leur présent. Elles sont seules, le jour de Noël. C’est le mode de narration choisi par Hegland et repris par Lomig : des allers-retours entre passé et présent pour dévoiler peu à peu au lecteur les éléments essentiels : comment le monde en est-il arrivé là ? Que sont devenus leurs parents ? Quelles étaient les aspirations des deux jeunes femmes ? Pourquoi ont-elles pris leurs distances l’une vis-à-vis de l’autre jusqu’à leur cohabitation forcée ? Et l’on s’aperçoit vite que la dimension post-apocalyptique n’est que secondaire. Ce qui compte vraiment c’est la relation entre Eva et Nell. D’ailleurs Lomig choisit de nombreux cadrages serrés et s’attarde sur les visages et les regards en les rendant magnifiques d’expressivité. Il reprend également la narration à la première personne (Nell la plus jeune relate leur existence dans un journal intime) et cela accroît l’émotion puisque cela favorise l’identification. Le duo sororal est par deux fois perturbé par des intrusions masculines mais ces personnages ne restent que secondaires : le seul autre personnage qui compte vraiment c’est la forêt qui de décor devient protagoniste. Avec la formation de ce trio, le récit se transforme donc en un récit initiatique. Les adolescentes apprennent à grandir, font l’expérience du deuil et du renoncement à leurs rêves de gloire (la danse et l’écriture), se « reconnectent » à la nature et renaissent. Le dessinateur montre parfaitement dans de grandes pleines pages souvent muettes et extrêmement détaillées l’évolution du rapport à la forêt qui d’hostile devient nourricière puis protectrice. Il varie les angles et les plans, fonctionne en « caméra subjective » et nous fait véritablement ressentir les émotions des deux héroïnes. Nous sommes au cœur de la forêt, en véritable immersion, lorsque nous regardons par exemple cette magnifique contre plongée sur la cime des séquoias centenaires où perce le soleil ( p.107) L’album fait 156 pages mais on ne s’ennuie jamais grâce au mode de narration (flashback et première personne), grâce au suspense instauré par les révélations progressives, grâce aux variations de rythme aussi : parfois haletant et angoissant, parfois lent et descriptif toujours subtil et délicat grâce aux non-dits et au trait « esquissé » de Lomig. L’album devait originellement être en couleurs mais l’auteur et l’éditeur ont préféré le laisser au crayon. Au gris de la mine de plomb se mêle un peu de sépia et l’ensemble rend parfaitement la fragilité presque passée de l’existence des héroïnes. On terminera en saluant la beauté de l’album en tant qu’objet : dois toilé de couleur verte et épais papier crème qui créent une harmonie entre la forme et le fond. Jean Hegland avait détesté l’adaptation cinématographique qui avait été faite de son roman en 2015 et elle est enchantée de celle de Lomig. On comprend pourquoi : c’est une vraie réussite !Le 20/10/2019 à 09:46:11
Tirée du magnifique livre de Jan Hegland, cette adaptation graphique est une véritable réussite. Respectueuse de l"histoire originale, l'oeuvre de Lomig épouse la douceur, l'humanité et la tendresse de ce récit d'apprentissage. Le graphisme léger mais précis, en noir, blanc, gris sur un papier légèrement sépia nous entraine lentement dans cette survie au cœur de la foret portée par deux sœurettes fragiles et pourtant si déterminées à retrouver une vie naturelle. C'est aussi un roman écologique qui s'appuie, en arrière plan, sur un effondrement de la civilisation et qui nous fait réfléchir sur notre rapport à la nature. lisez "Dans la foret", vous ne serez pas déçu. Je vais offrir ce livre à ceux que j'aime.Le 08/09/2019 à 19:55:34
Histoire top, lu d'une traite !!! Immersif !!! Dessin de très grande qualité, rare !!! De plus ouvrage de belle qualité, grand format, beau papier, dos toilé... Que du bon, courrez le lire.BDGest 2014 - Tous droits réservés