S
pécialiste en nanotechnologie, Daimon Heito a payé le prix fort pour avoir refusé de s’engager dans des développements à vocation militaire. Sa femme et sa fille ont été tuées par ses cinq amis et collaborateurs qui l’ont également amputé de ses deux bras avant de le laisser pour mort. Recueilli par le professeur Becker qui l’a doté de prothèses en bois puis en acier, il apprend à maîtriser petit à petit le « Zethmos », une énergie psychique lui permettant de mouvoir ses nouveaux membres. Sa longue préparation achevée, Heito part en quête de ceux qui l’ont trahi pour se venger. Ses pas l’emmènent d’abord sur les traces de Jest Lawrence, dangereux pro de la gâchette.
A l’origine de Dämons, il y a un court récit d’Osamu Tezuka (Metropolis, Ayako, Blackjack, Astroboy, MW, etc.), Tetsu no Senritsu, traduit par Mélodie de ferraille, publié entre juin 1974 et février 1975, dans lequel le maître incontesté du manga narre la vengeance d’un homme auquel des gangsters ont arraché les bras. Hideyuki Yonehara (Full Ahead ! Coco) s’est emparé de ce scénario pour développer sa propre histoire qui met en scène un héros plein de haine et de rage qui ne rêve que de dessouder ceux qui lui ont tout enlevé.
Le thème même est des plus classiques et le traitement de Yonehara ne l’enrichit guère. L’auteur se contente en effet de déployer une débauche de violence crue qui s’abat à presque toutes les pages, portée par un déferlement d’affrontements de tous les instants. Le développement psychologique du personnage principal, évoqué dans le premier tome lors de ses longues heures d’accoutumance à ses prothèses, reste en arrière, comme si Heito se limitait à incarner une machine à tuer superpuissante, confrontée à d’autres massacreurs en puissance. La romance entre Jest Lawrence et la jolie Maria dans le deuxième volume apporte tout juste un peu d’humanité à l’ensemble tout en paraissant bien artificielle. Soulignant encore plus le côté action brute, le trait noir du mangaka trace à l’envi, voire jusqu’à l’overdose, les musculatures bodybuildées des protagonistes, joue sur les trames donnant une impression de mouvement intenses et de vitesse, comme sur les plans cinématographiques.
Dämons se révèle peu original et n’éveille qu’une curiosité limitée. Par ailleurs, l’accolement du nom de Tezuka à celui de Yonehara laissant croire à un contenu différent, comment ne pas se sentir floué alors que le lecteur peine à reconnaître la marque du maître dans cette série ?