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in du 19ème siècle, le bateau Russe Demeter embarque des caisses pour l'Angleterre : des plantes, du terreau. Au cours de la traversée, des évènements inquiétants s'enchainent : des disparitions, une étrange silhouette longue et mince qui apparait et disparait, une odeur pestilentielle qui se répand et des morts violentes peu orthodoxes… Le navire parvient tout de même à destination cependant, il s’échoue et aucun membre n'a survécu, enfin… Pendant ce temps-là, le quotidien suit son cours au sein de la prestigieuse école Whitby, réservée à l'élite estudiantine
Comme à son habitude, Shin’Ichi Sakamoto (Ascension, Innocent…) offre une œuvre d'une beauté graphique indéniable avec son trait fin, précis, au rendu hyper-détaillé et léché. Une forte personnalité se dégage par le biais de ses mises en scène de grande ampleur, avec des découpages astucieux qui convoquent volontiers de gros plans cinématographiques alternant avec des compositions plus classiques, ceci afin de maximiser les effets. L’expressivité des personnages et le réalisme des décors rajoutent au plaisir des yeux. L’auteur fait ressentir le potentiel horrifique dès les premières pages avec, tour à tour, des séquences gores et des planches poétiques lumineuses. Le fan retrouve les métaphores visuelles fascinantes - la patte de l'artiste - qui fait un énorme travail d'ambiance angoissante avec des éléments qui font penser à du Lovecraft. Les épisodes de danse sont, quant à eux, notamment inspirés des performances de Sergueï Polounine et les costumes soignés s'appuient sur le film de Coppola. Enfin, il est à noter également l'attention portée aux jeu d'ombre et de lumière.
Côté scénario, le lecteur découvre plusieurs protagonistes, mais c'est Mina qui capte l'attention : une rouquine impétueuse à nattes qui, avec son caractère très marqué, son goût pour le catch et sa détermination à ne pas se laisser faire renvoie une image d'adolescente forte et désireuse de s'émanciper (cf. Marie-Josèphe d'Innocent Rouge). Elle est d'autant plus intéressante à suivre qu'elle doit, inévitablement, faire face à sa condition de fille et d'enfant de la classe ouvrière. Seul bémol de l'histoire, la chronologie n'est pas aussi limpide que dans les séries précédentes. Au final, ce premier volume de Midnight children est aussi déroutant que captivant. Loin de se contenter d’être une énième relecture classique du mythe de Dracula, les codes habituels vus et revus trouvent ici un écho singulier car c'est l'évocation de sujets très actuels.
Vous pensiez avoir fait le tour des aventures du plus célèbre des vampires… Et si Dracula avait des enfants ? C’est de cette question qu’est née #DRCL, interprétation personnelle résolument moderne et originale d'un mangaka dont le talent n'est plus à démontrer. Ce début démontre la promesse d'un manga ambitieux.