Résumé: Affichiste, designer, scénariste et dessinateur de comics, éditeur, prestidigitateur, historien et critique de la bande dessinée et des pulps... Jim Steranko a tout essayé et à chaque reprise il a approché et égalé les plus grands, signant seul ou avec d'autres (Spielberg, Coppola, Bakshi, Ellison...) quelques-unes des plus belles productions du septième et du neuvième art.
A
vec Jim Steranko, Tout n’est qu’illusion, Guillaume Laborie inaugure la collection « Bibliothèque des miroirs – BD » des éditons Les moutons électriques, dédiée aux grands auteurs internationaux de la bande dessinée et de l’animation.
Parmi les grands noms du comics des années 50 à 70, il y a les maîtres incontestés comme Jack Kirby, ceux qui tel Robert Crumb ont refusé l’establishment et inventé des formes de BD alternatives, et Jim Starenko, l’un des rares à avoir tenté de révolutionner le medium de l’intérieur, ce qui lui vaut le statut d’auteur culte.
Ancien prestidigitateur, maitre de l’évasion, Jim Steranko intègre l’équipe Marvel au milieu des années 60 et devient célèbre pour la modernité qu’il a apporté à des séries comme Captain America ou Nick Fury, grâce à des cadrages innovants, des fresques en double pages, des effets de symétrie et de miroir, des surdécoupages effrénés et de mémorables scènes d’actions hallucinées ou au contraire totalement muettes. Il signera aussi nombre de couvertures dont certaines, mythiques, seront reprises et parodiées maintes fois. Doté d’une personnalité forte, égocentrée et volontariste, chaque livraison de planches sera l’occasion d’affrontements avec un Stan Lee de plus en plus en agacé par ces coups de boutoir aux codes bien lissés de son Marvel Universe.
Lassé de ces luttes intestines et de ne pouvoir exercer son art en toute liberté, l’auteur se tournera rapidement vers l’illustration et la promotion de la culture pulp avec quelques retours à la bande dessinée aussi épisodiques que magistraux. Toutes ces anecdotes sont racontées avec entrain dans cette biographie rythmée qui, pour la première fois en France, donne une vision globale d’un auteur dont tous les amateurs de BD ont croisé ou croiseront un jour ou l’autre l’une des œuvres et dont les influences se font ressentir aujourd’hui encore des deux côtés de l’Atlantique.
Petit bémol sur l’ouvrage, la production de Steranko n’étant guère pléthorique, Guillaume Laborie s’attarde à décrire et analyser avec enthousiasme de nombreuse planches et illustrations qui ne sont malheureusement pas celles reproduites dans le livre et le lecteur devra aller les chercher sur internet pour voir de quoi il retourne. Le fait qu’elles soient facilement trouvables sur la toile atteste de la notoriété des œuvres.