Info édition : version actualisée. les 2 livres ne sont pas comparables, le texte est différent, l'iconographie entre les 2 bouquins est la même sur une petite zone....
Résumé: Alain Lachartre a travaillé toute sa carrière dans le monde de la publicité, en faveur d'une utilisation intelligente de la bande dessinée. Objectif Pub présente les rapports entre la BD et la pub, de 1900 jusqu'à maintenant. Ce beau-livre, richement illustré, regorge d'informations inédites. Différents chapitres mettent en perspective les travaux de 133 artistes : début du 20e siècle, la presse enfantine des années 50-60, les années 70, la génération des eighties, de 1990 à nos jours et le futur.Quelle que soit la période, la bande dessinée est un terrain d'exploration extrêmement riche pour les dessinateurs qui travaillent pour elle. Ce livre rend hommage à cette alliance de la bande dessinée et de la publicité, en parfaite harmonie avec chacune des époques que ce couple a traversées !
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résenter un produit ou une marque et tenter d’établir une connexion avec les consommateurs, tel est le rôle de la publicité. Images glamours, explications techniques, humour, conte ou exagération éhontée, pour arriver à ces fins, tous les moyens sont possibles. Concises et synthétiques par définition, la bande dessinée et l’illustration ont été rapidement récupérées et utilisées par les agences de communication. Les atouts du Neuvième Art s’avèrent en effet évidents quand il s’agit de transmettre des informations en un clin d’œil et faire bien paraître un article ou une entreprise. Homme du sérail, Alain Lachartre propose un panorama historique de ce compagnonnage centenaire dans Objectif Pub – La bande dessinée et la publicité.
Gros et généreux volume à l’italienne, l’ouvrage aligne chronologiquement des exemples de ce cheminement commun. La vache qui rit de Benjamin Rabier, le Bibendum de O’Galop, des noms célèbres et des images iconiques sont évidemment présents. D’autres artistes, plus surprenants ou aujourd’hui oubliés, se retrouvent également au sommaire : Alain Saint-Ogan qui profite de la notoriété d’Alfred pour vanter tout et n’importe quoi ou Gilbert Vardot qui introduit, en 1920, une dose de modernité toute américaine avec des strips énergiques vantant les rasoirs Gibbs, par exemple. Le grand Gus Boffa est aussi de la partie, ce dernier ayant même créé sa propre agence dès les années 1910. Il faut dire que la pub paie bien et offre un moyen de subsidence bienvenu pour les dessinateurs. La seule contrainte ? Se plier en quatre devant les desiderata des clients et mettre de côté son ego. Plus facile à dire qu’à faire.
Le temps passe au fil des pages, les habitudes de consommation et la société changent. Le besoin de communiquer s’amplifie et devient même crucial. Il faut se montrer, prouver sa pertinence, étonner et provoquer l’envie toujours et encore. Les hommes-à-idées chers à Gotlib sont à l’écoute et la notoriété montante des Petits Miquets ne les laissent pas indifférents. Il y a les têtes d’affiche comme Tintin ou Astérix, parfaites afin d’accrocher le grand public. Et puis, surtout dès les années soixante-dix et quatre-vingts, une nouvelle génération d’artistes arrive sur le marché : Serge Clerc, Yves Chaland, Floc’h. Ils sont jeunes, décomplexés et n’ont peur de rien. Ils sont donc parfaits pour mettre en scène cette époque où tout s’accélère.
Véritable livre d’histoire dans ses premiers chapitres, Objectif Pub se transforme en une monographie visuelle, voire un catalogue select dans sa dernière partie. Lachartre se fait plaisir en présentant des réalisations proches de lui et perd un peu le fil de son exposé. Rien de très grave puisque sa sélection graphique reste d’un très haut niveau. Dommage cependant que la curiosité et la volonté de mise en contexte exprimées dans les années d’avant-guerre se soient un peu effacées devant le clinquant des créations d’aujourd’hui.
Juste pas assez exhaustif ou analytique pour devenir la référence du sujet, Objectif Pub – La bande dessinée et la publicité est à classer dans la catégorie beau livre. Rien de honteux pour autant, l’iconographie se montre formidable et les notices claires et pertinentes. Un très bel objet assurément.