Voilà maintenant quelques années que Marvel France parlait de sortir une nouvelle encyclopédie de son univers pour succéder aux mythiques Encyclopédies Marvel éditées au début des années 90 par LUG. Ces dernières avaient la bonne idée de reprendre, par ordre alphabétique (ça a l’air bête dit comme ça mais vous comprendrez l’intérêt de la remarque plus loin), toutes les fiches parues trimestriellement dans feu Strange Special Origines.
Ces fiches étaient une vraie bible. Du plus grand super héros au plus insignifiant extra-terrestre, rien n’était mis de côté. Pouvoirs, background, équipe d’affiliation, psychologie, tout était abordé de façon assez exhaustive et complète. L’ouvrage de référence pour tout lecteur de comics.
Ces encyclopédies (qui n’avaient d’ailleurs pas été publiées jusqu’à la lettre Z si mes souvenirs sont bons) commençaient fortement à dater, une remise à jour de fond en comble devenant impérative devant les bouleversements opérés au sein des différents univers Marvel (la saga du clone dans Spiderman, l’Ere d’Apocalypse chez les X-Men…) et l’apparition de nouveaux (Ultimate entre autres).
Suite aux problèmes rencontrés dans le secteur du comics, il fallait aux dirigeants de Marvel trouver une solution pour redresser la tendance. Ce sauvetage est passé principalement par deux moyens. D’une part, le soutien à des adaptations cinématographiques des personnages les plus charismatiques de la maison d’édition. D’autre part, la segmentation de l’offre de comics au public : on assiste donc à la naissance de lignes inspirées manga, d’autres plus adultes (Marvel Knights, Max) ou encore un univers alternatif comme celui d’Ultimate. Une encyclopédie permettant aussi bien au lecteur novice qu’au chevronné de s’y retrouver était donc la bienvenue.
Et là, c’est le drame. Plutôt que de reprendre la formule des précédents recueils (ordre alphabétique je vous le rappelle), Marvel a préféré tronçonner arbitrairement son univers. Jugez plutôt des catégories choisies : Avengers, Fantastic Four, Marvel Knights / MAX, Spider-man, X-Men, Ultimate Marvel et The Call Of Duty.
Quand on suit un tant soit peu les sorties mensuelles de comics en France, on s’aperçoit que ces différentes catégories reflètent parfaitement l’offre Marvel de nos librairies. On aurait donc à faire à un bouquin promotionnel ? Clairement : oui.
La lecture des fiches ne fait malheureusement que nous conforter dans cette impression d’autopromotion éhontée. Les profils sont simplifiés au maximum, quitte à occulter une partie de l’histoire ou des pouvoirs des personnages. Je veux bien qu’on veuille simplifier l’accès à un nouveau public qui découvre le monde des super-héros à travers les films mais de là à en oublier le public fidèle qui lit ces histoires depuis tant d’années, il y a un pas de trop.
Les illustrations qui accompagnent chaque fiche ne rendent pas toujours hommage aux personnages qu’elles présentent. Le parti pris de la modernité fait trop souvent oublier les réussites graphiques des décennies précédentes, chose qui aurait pu participer à l’éducation d’un lectorat tout frais.
Autre preuve de la volonté de Marvel de s’attirer un nouveau public, plus jeune, la mise en place pour chaque personnage de barres de caractéristiques. On retrouve donc des petits graphiques sensés symboliser l’intelligence, la force, la rapidité, la résistance, la projection d’énergie et l’aptitude au combat de chaque héro ou vilain. Bien souvent ceux-ci s’avèrent assez folkloriques ou peu réalistes les uns comparés aux autres (détail de geek je le reconnais). De quoi faire plaisir aux adeptes du « qui c’est l’plus fort ? ».
Néanmoins, cette encyclopédie a le mérite de fournir quelques informations intéressantes et utiles comme les épisodes de référence d’une série pour que le lecteur curieux puisse approfondir si besoin était ses connaissances en la matière.
Ce premier volume des Encyclopédies Marvel s’avère donc particulièrement décevant pour un lecteur un minimum chevronné en raison du caractère simplifiant de ses fiches. En revanche, pour un premier contact avec cet univers après l’avoir apprécié au cinéma, ce recueil devrait pouvoir servir. Dommage qu’il bénéficie alors du titre pompeux et trompeur d’encyclopédie.
Fort heureusement, Marvel aura su rétablir la balance avec le volume 2 nettement mieux réussi et entièrement consacré au monte-en-l’air Spider-man.