Résumé: Le critique britannique Paul Gravett et le journaliste Nicolas Finet publient une sélection de chefs-d’œuvre du 9e art à ne manquer sous aucun prétexte.
Toute une vie est-elle suffisante pour découvrir tous les chefs-d’œuvre de la BD ? Rien n’est moins sûr… Cependant, afin de ne pas nous laisser mourir inculte, le critique Paul Gravett et le journaliste Nicolas Finet nous viennent en aide en publiant Les 1001 BD qu’il faut avoir lues dans sa vie, aux éditions Flammarion.
Dans cet ouvrage préfacé par le critique Benoît Peeters, on retrouve ainsi une sélection chronologique des albums qui ont fait l’histoire de la bande dessinée. Les œuvres récentes sont également à l’honneur puisque la seconde moitié du livré est consacrée aux œuvres publiées depuis 1990.
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h le joli pavé ! Au même titre que les chansons, les albums et les jeux vidéo – entre autres –, la bande dessinée a désormais son « 1001 » édité par Flammarion. BD qu’il faut avoir lues dans sa vie ? Inutile de prendre le sous-titre comme impératif ou trop péremptoire puisque ce recueil d’incontournables est avant tout un guide. De 1837, avec Les Amours de M. Vieux Bois du Suisse R. Töpffer qui ouvre le bal, à 2011, avec Habibi signé de l’Américain C. Thompson, le tour d’horizon est aussi large que cosmopolite, et prouve à qui en douterait combien le médium est universel et éclectique, mais aussi combien il évolue. Des choix ont été évidemment faits (songez, il y a ici "seulement" l'équivalent du nombre de nouveautés qui fleurissent en librairie le temps d’un trimestre), pourtant, globalement, tous les genres sont présentés, selon un découpage chronologique. Faire des choix, c’est avoir des partis-pris et composer une équipe de rédacteurs, c’est forcément orienter la sélection qui est faite et, Dieu soit loué, celle-ci n’est pas parfaite… puisqu’elle ne correspond pas à celle que vous et moi aurions établie.
Pour râler, appuyer ici et parlez fort : inutile de recompter, selon les organisateurs eux-mêmes, il n’y aurait que 770 titres et non 1001. Tous ne bénéficient pas d’une illustration (rien n’interdit d’avoir Bedethèque à portée de main pour jeter un œil aux couvertures ou planches qui font défaut). Il y a probablement quelques coquilles dans les références faites aux auteurs. Certains articles pèchent par un style académique et manquent de passion ; un peu trop de place consacrée au franco-belge / comics / mangas / romans graphiques / one shot etc. et n’oubliez pas de rayer les mentions inutiles. Enfin, certains titres doivent être assez difficilement accessibles, pas seulement parmi les plus anciens, puisque, même si c’est très exceptionnel, quelques-uns d’entre eux figurent aux abonnés absents en matière de publication francophone.
Maintenant, réjouissons-nous ! En tant qu’éveilleur de curiosité, cette compilation signée Paul Gravett et Nicolas Finet, est redoutable d’efficacité et, à coup sûr, quelques listes d’albums à feuilleter et / ou à acheter vont être griffonnées avec enthousiasme à sa lecture. Oublions en effet sa portée encyclopédique et prenons-la avec gourmandise et amusement. Avant de chercher à briller en soirée pour étaler une prétendue science au sujet du 9ème Art, combien d’entre nous commencerons, avant d’en lire le moindre article, par prendre cette somme pour un usage plus ludique, boulier en main et questions « existentielles » en tête : combien en ai-je lus ? Combien en possédé-je ? Quels sont les titres dont j’ai recommandé la lecture ? Quels sont ceux qui m’ont laissé de marbre ? Quels sont ceux que j'aurais suggérés ? De quoi rendre vivante la découverte de cet immense fonds documentaire.
Rigoureusement inutile pour ceux qui ne souhaitent pas sortir de leur créneau habituel ou qui sont convaincus de toujours faire les bons choix en se guidant à leur seul flair ; indispensable et précieux pour les défricheurs d’horizons qui souhaitent se faire un cadeau (à un pur novice, ne vaut-il pas mieux offrir des albums plutôt qu’un guide ?) ; Les 1001 BD qu’il faut avoir lues dans sa vie gagne à être compulsé à la première personne.