Résumé: Si la contre-culture américaine trouve son apogée dans les contestations étudiantes et sociales des années 1960-1970, elle ne constitue pas pour autant un phénomène isolé dans le temps et déconnecté de l'histoire des États-Unis. Ainsi, par un étrange paradoxe, les forces et faiblesses des comic books proviennent tout à la fois de la censure issue de la commission sénatoriale de 1954, mais aussi de la politique volontariste d'éducation voulue par l'administration Eisenhower en réponse à un bip-bip venu de l'espace. La contre-culture sera le fait de cette génération lisant des comics sur les campus : « Merci Spoutnik ! ». Avec l'émergence des comix underground, le mouvement contre-culturel investit la bande dessinée. Mais là encore, cette capillarité des formes trouve son origine dans le courant satirique auquel le magazine MAD a donné naissance en 1952. Et à son tour, à la fin des années 1970, la bande dessinée contre-culturelle donnera naissance à des structures éditoriales pionnières et à un marché en plein essor s'adressant à une nouvelle génération de lecteurs. Aussi, loin d'être un accident de parcours, la contre-culture a profondément bouleversé la société américaine, et elle a trouvé dans la bande dessinée, forme d'expression longtemps méprisée, un partenaire de choix.