Résumé: Lord Handerson, un riche héritier, a conçu un test pour choisir au mieux sa future épouse. Chaque candidate est invitée à passer une nuit à Blenkinsop Castle, seule, dans une chambre au centre de laquelle se trouve un lit d'une hauteur invraisemblable. Pour l'heure, les prétendantes, toutes filles de bonne famille, ont été renvoyées chez elles au petit matin, sans aucune explication. Mais voici que Lord Handerson propose à Sadima de passer l'épreuve. Robuste et vaillante, simple femme de chambre, Sadima n'a pourtant rien d'une princesse. Et pour cause, l'histoire que va vivre cette dernière, si elle s'apparente bien à de l'amour, est loin d'être un conte de fées...
I
l se dit que Lord Handerson cherche une épouse… et que la rente promise à l’heureuse élue s’élèverait à quatre-vingt mille livres. Il n’en faut pas plus pour pousser Lady Watkins à tenter le coup. Elle embarque ses trois filles (Margareth, Maria et May) et prend la direction de Blenkinsop Castel. Arrivée sur place, elle prétexte un incident sur la route pour demander l’hospitalité pour la nuit. Les sœurs sont acceptées mais la mère doit s’en retourner, faute d’être une femme célibataire. Seule Sadima, la servante, peut rester. Un vaste château, où l’or foisonne de toutes parts, se révèle alors devant elles. Rapidement, le maître des lieux annonce la couleur. Pour espérer l’épouser, un test doit être réussi : passer une nuit complète dans une curieuse chambre, meublée d’un lit aux dizaines de matelas empilés. Les trois princesses s’y cassent les dents. Jusqu’à ce que vienne le tour de Sadima de tenter le défi.
Après De cape et de mots, voilà la seconde fois qu'un roman de Flore Vesco est adapté en BD. Pour cette réécriture (en profondeur) du conte de La princesse au petit pois, c’est Mayalen Goust qui est à la manœuvre. Et le résultat s’avère particulièrement séduisant. Le trait d’une grande élégance, qui s’appuie largement sur l’usage des couleurs, met admirablement en images la poésie du récit. Aux jeux de mots et palindromes, omniprésents, l’artiste ajoute des jeux de formes inspirés. Débarrassée de tout carcan que lui imposerait le medium, Mayalen Goust brise les cases avec des découpages souvent inventifs.
Le propos se trouve renforcé par ces choix. Derrière le conte en apparence classique, se dissimule une véritable déconstruction de nombreux stéréotypes. D’histoire d’amour, il est pourtant bien question. Mais sous un angle très éloigné de la proposition initiale d’Hans Christian Andersen. Selon l’âge du bédéphile, les niveaux de lecture sont différents. Pour les plus jeunes, il peut s’agir d’un éveil à la fois tendre et subtil à l’intimité. Pour les plus âgés, des discours pertinents sur le plaisir féminin ou encore le consentement peuvent être lus entre les lignes. Dans un cas comme dans l’autre, l’album plante de petites graines qu’il faut prendre le soin d’arroser.
D'or et d'oreillers est une lecture à savourer. Deux belles bandes dessinées en autant d’adaptations : décidément, Flore Vesco inspire le neuvième art.