Résumé: Une photo du président de la République en « tenue inappropriée » se diffuse de manière virale sur les réseaux sociaux : scandale d’État ! Comment notre cyberdéfense nationale a-t-elle pu laisser passer une telle attaque ? Les services de communication de l’Élysée sont en alerte rouge : il faut redorer le blason de la République... ils imposent un journaliste d’Envoyé crucial pour réaliser un documentaire « impartial » sur les dessous du très fermé Balardgone du ministère des Armées...
L’amiral Duperré, patron de la cyberdéfense, (un sosie de Richard Gere ?) et ses bras droit et gauche, la fascinante Gabrielle Orsinoni, alias Mme O, ont d’autres chats à fouetter que de cornaquer un journaleux. Aussi chargent-ils Aurore Leroux, fraîche émoulue de l’École de l’air, de veiller à ce que cet Antoine Paulain reste sur un chemin balisé. Mais le jeune homme s’avère moins facile à manipuler que prévu, d’autant qu’il sera témoin malgré lui d’une attaque, d’une grosse, d’une vraie, dont la photo ridicule n’était que le prélude...
Q
uand le président de la République apparaît en slip kangourou à motif léopard sur internet, l’équipe de nuit de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes prend deux minutes de trop pour réagir. Cent-vingt secondes, c’est assez pour qu'une capture d’écran soit partagée des milliers de fois et que le chef d’État devienne la risée du monde. C’est évidemment le branle-bas de combat : officines gouvernementales, militaires et spécialistes des relations publiques s’en mêlent. Mais comme le disait Jacques Chirac, les emmerdes volent en escadrille. Les ennuis se poursuivent donc alors qu’un virus informatique force un avion Rafale à se poser en Turquie. Qui a fait le coup ? Les Russes ? Daesh ? C’est de nouveau la panique.
Les crises d’hystérie constituent de fait le fil conducteur de ce récit efficace et enlevant. L’intrigue se montre solide et la chute imprévisible. Il ne faut tout de même pas chercher la subtilité dans les personnages aux comportements archétypaux (officiers, journaliste, politicien, etc.) présentés dans ce premier opus de Cyberfatale. Cela dit, bien que l’ensemble ait l’allure d’une farce, le lecteur se doute que le scénario n’est pas bien loin de la réalité de la dynamique de la joute diplomatique, notamment de la relation d’amour * haine entre l’Hexagone et les États-Unis. La rumeur affirme d’ailleurs que derrière le nom du scénariste, Cépanou, se cachent différentes personnes dont une, La Source, œuvre au sein de la cyberdéfense française.
Le trait de Clément Oubrerie est reconnaissable entre tous. Dans Si ça sort, on est morts, il adopte néanmoins un style un chouïa plus caricatural et nerveux que de coutume. Les réactions des protagonistes sont excessives : yeux gigantesques de colère ou d’étonnement, visages entourés de gouttes de sueur pour marquer la peur ou la nervosité, etc. Le contour irrégulier des cases contribue également à renforcer l’instabilité des situations. Bref, l’artiste utilise tous les artifices classiques de la bande dessinée humoristique. L’illustrateur semble par ailleurs prendre un véritable plaisir à dessiner toute une panoplie de véhicules militaires. Le pinailleur lui reprochera tout de même, par exemple, l’intégration d’une voiture qui ressemble à une photo collée au milieu d’un dessin.
Un agréable vaudeville qui a des ressemblances évidentes avec Quai d’Orsay de Christophe Blain.
Les avis
Erik67
Le 20/10/2020 à 09:24:46
La couverture est vraiment hideuse avec des personnages dont l'expression du visage fait un peu bizarre. Le sujet est celui de l'armée française qui lutte contre les cyber-attaques du monde entier (et notamment des russes). Il faut dire que les pirates frappent fort avec la photo d'un ancien président en slip kangourou façon léopard. Le principal intéressé appréciera ou pas...
Pour autant, je serai indulgent car l'idée est plutôt bonne bien que maladroitement exploitée. Il ne se passera pas grand chose au final. Cependant, les personnages secondaires jouent tous un rôle humoristique qui fait mouche.
Le thème est plutôt grave (car il s'agit de la défense d'un pays) mais les auteurs tournent tout à la dérision. C'est parfois assez tarabiscoté dans les scènes avec un jargon qu'on ne comprend pas vraiment. Comme dit, on pardonnera toutes ces maladresses car l'ensemble demeure divertissant.
MAL75
Le 31/07/2020 à 00:10:23
Pardon à Monsieur Oubrerie dont je ne suis pas fan du dessin. Mais le scénario est top ! On s’y croirait !!! Et je confirme côté cyber réalité, c’est romancé. Juste ce qu’il faut. Oui, cet album est indispensable !!!
Yayayoute
Le 19/04/2019 à 15:35:14
Que dire de cette "oeuvre" ? :
- dessin : faible
- scénario : faible
- couleurs : faible
- lettrage : faible
et ils ont trouvé un éditeur ? Bravo.
jmarcv
Le 26/01/2019 à 17:55:56
Le scénario est bien ficelé, les personnages identifiables et assez typés pour être à la limite du ridicule.
Cette BD d''un sujet d'actualité qui pourrait être grave est en fait humoristique.
J'ai passé un très bon moment à sa lecture.
Au fait le scénariste c'est certainement Snowden... mais chut
Yovo
Le 21/12/2018 à 23:20:27
Grand admirateur de l’excellent Clément Oubrerie, je ne suis pas le plus objectif pour en parler, mais j’ai trouvé ce "Cyberfatale" tout à fait réjouissant et fort recommandable !
Le parallèle avec "Quai d'Orsay" de C. Blain est évident et c’est tant mieux ! Les deux partagent le même esprit pétillant, la même énergie et le même focus sur les coulisses secrètes de l'état, vues par le prisme de la caricature.
Et si le ton et le trait sont volontiers burlesques, les éléments concernant la cybersécurité française abondent et sont 100% plausibles ; ils sentent même fortement le vécu, voire le secret-défense… D’autant que les personnages qui animent ce petit monde sont tous parfaitement campés – y compris les filles, en 1ere ligne. C’est malin et très bien réalisé.
Tout cela donne un scenario en béton sur un sujet très actuel et une BD franchement drôle, passionnante, truffée de cases superbes et d’un jargon technique et politique à la limite de la poésie !
Juste dommage que la couverture soit faiblarde et ne rende pas hommage au contenu…
Le genre d’album dans lequel je me replongerai avec plaisir !