L
e premier cycle se bouclait sur une nuit sanglante à New-York. En une soirée, tout ce que la ville compte comme mafieux et apparentés semble s’être donné rendez-vous. Le dénouement sera à la hauteur : morts en pagaille chez les pontes du milieu. A l'origine de ce nettoyage du banditisme, Anthony. Cet adolescent a accompli sa vengeance contre ceux qui ont tué ses parents et séquestré Anne, sa petite amie. Parvenu à ses fins, il n’en est pas pour autant au bout de ses peines car les organisations criminelles n’ont pas pour vocation de laisser vacant le pouvoir qu’elles avaient établi et sont bien décidées à laver l’affront. De plus, Anne tient absolument à sortir sa sœur du bordel chinois où elle a été placée. Tout ça sans compter sur un flic incorruptible qui semble peu disposé à laisser s’installer durablement le chaos qui s’est abattu sur son territoire
Présenté comme l’ouverture d’un second diptyque, cet album n’en est pas moins la suite immédiate de la situation laissée en place à la fin du second tome. Le thème des mafias et cartels défiés et/ou intégrés par un individu isolé, voire jeune, n’a rien de neuf, le récent Cuervos est là pour en témoigner. C’est donc en partant sur des bases classiques que se joue La cuisine du diable. C’est là un album de transition qui offre quelques révélations, donne de la dimension à certains protagonistes et voit l’arrivée d’un nouvel exécutant des basses manœuvres, tout aussi énigmatique que caricatural. A contrario, on peut toujours regretter le manque d’épaisseur du personnage principal. Sa veine, quoique mitigée si l’on en juge par le sort réservé à ses proches, a quelque chose de surréaliste dans ce monde du crime organisé. Trop, car pour traiter ce type de sujet, une once de réalisme devient rapidement primordiale. En comparaison et dans la même thématique, Ce qui est à nous (série rebaptisée Mafia Story depuis quelques mois) en fait son atout principal.
Le dessin de Karl T. est plutôt classique, mais parfaitement efficace pour ce type de série. Servi par un emploi judicieux de teintes tout en nuance ou en contraste selon la scène qui se joue. C'est un plus en terme d'ambiance qui est palpable. Notons aussi l’unité des tons employés pour la réalisation des trois couvertures, assez réussie.
Les cartes sont redistribuées. Les amateurs du genre, pas trop regardant sur ce qui est du domaine du possible ou non, seront ravis. Sinon, ce sera la question du choix qui se posera : poursuivre une énième série, certes tout à fait correcte, mais au milieu de tant d’autres. Qu'Antony grandisse vite pour amener la partie à une table de jeu pour adultes semble une clé potentielle.