Résumé: La très pimpante Madame Lamort élève seule sa fille Joëlle. Elle travaille pour la société TRÉPAS, société dont les opératrices zélées délivrent les très redoutées cartes noires aux «candidats» à l’au-delà... Mais tout se complique lorsque Madame Lamort décide, afin de gagner le titre envié d’employée du mois, de s’occuper du père du meilleur - et seul - ami de sa fille.
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adame Lamort est une fois de plus dégoutée. Ce semestre-ci, elle ne figure toujours pas au nombre des lauréates des meilleures faucheuses de la société TRÉPAS. Tout ça à cause de Monsieur Bavasse, un vendeur de voitures qui a réussi à l’entourlouper pour qu’elle ne lui délivre pas la carte noire lui offrant un aller simple dans l’au-delà. Déprimée, Madame Lamort se demande comment elle pourra se rattraper. La solution vient de Joëlle, sa fille solitaire, qui est dans la même classe que le fils Bavasse. Aussitôt, la mère, désireuse de mettre la main sur le récalcitrant, organise une fête d’anniversaire pour son enfant. Mais les évènements ne tournent pas exactement comme elle l’espérait…
Aussi savoureux qu’intrigant, le titre du premier tome de Cruelle Joëlle donne le ton de ce conte gothique imaginé par Davide Cali. Ici, l’humour s’inscrit totalement et avec finesse dans un récit bien rythmé et assez original. Le sourire affleure dès les premières pages, lorsque le lecteur découvre le métier de Madame Lamort et, plus encore, quand il apparaît que la mondialisation touche même le secteur mortuaire. Imaginer une multinationale du trépas à la recherche des meilleurs rendements et s’ingéniant, sous nos latitudes, à passer au-dessus de la crise de la mortalité due aux progrès scientifiques, aux lois anti-tabac et à la sécurité à outrance, voilà qui est plaisant et se traduit par quelques cases amusantes. Le reste de l’histoire, un peu plus classique dans son déroulement, ne s’avère pas moins drôle et doit beaucoup aux références qui s’y glissent ça et là, ainsi qu’aux personnages, presque caricaturaux. Cependant, Joëlle, qui prête son nom à la série, reste légèrement en retrait, puisque, pour le moment, elle n’est présentée que comme une fillette assez sombre, esseulée et désabusée, à laquelle sa mère vole la vedette. Enfin, soulignant à l’envi l’expressivité de grandes bouilles rondes aux larges yeux soulignés de noir, le dessin assez enfantin de Ninie se révèle des plus agréables, tout en parvenant à créer une véritable atmosphère, grâce, en partie, à une mise en couleurs en parfaite adéquation avec l’ambiance générale.
Sans être une grande BD, La vie n'est pas si simple Madame Lamort constitue un bon moment de détente et de drôlerie, pouvant plaire aux grands comme aux petits.