Résumé: Dans les rues de Rome, David est devenu le nouveau Corbeau, en quête de vengeance après avoir été tué avec sa petite amie lors d'une attaque terroriste... Contient également plusieurs histores courtes tirées de la mythologie The Crow. Entièrement réalisé par des artistes et auteurs italiens, cet album apporte une sensibilité européenne à l'univers sombre créé par James O'Barr.
S
i les lecteurs francophones pensaient qu'il était devenu impossible d'apporter quelque chose d'original dans l'univers de la franchise The Crow, cet album va leur prouver le contraire.
L'histoire a lieu à Rome, après un attentat terroriste contre une procession religieuse. David, qui était enfant de chœur, et sa petite amie Sarah y sont tués. Le corbeau ramène le jeune homme à la vie, afin qu'il puisse obtenir justice...
Le pitch peut paraître simpliste, mais cela est pour mieux berner les personnes qui tiendront ce comics entre leurs mains. Roberto Recchioni a construit une histoire à plusieurs niveaux où différents thèmes se font face. Le premier étant celui de l'intégrisme religieux. Lorsque David est ramené, il pense être devenu l'instrument du divin pour châtier les ennemis de son Christ. Tout son discours est imprégné de morale catholique et de citations biblique. Le scénariste profite de son histoire pour montrer que les intégrismes sont les mêmes quels que soient les prétendues justifications religieuses qui leur servent de vernis moral et propagandiste. Les auteurs de l’attentat sont des islamistes endoctrinés par un personnage dont la révélation est un twist important de Memento Mori. C'est alors l'occasion de partir sur l'autre thème, les violences des hommes de religion envers les enfants. Le regard de Recchioni est sans concession sur les coups du prêtre contre Sarah, ainsi que sur la séduction perverse qu'il a eu à l'encontre de David, faisant de ce dernier son mignon. C'est à ce moment-là qu'intervient le second retournement de situation du récit, qui laissera les lecteurs médusés.
La puissance du scénario est magnifiquement servie par les dessins de Werther Dell'Edera. Les dix premières planches, qui introduisent dans cette intrigue en plantant le décor, arrivent à faire passer le plus sombre des Batman dans la bibliothèque rose ! Un trait proche de ce qui se faisait dans le milieu du comics underground dans le milieu des années 2000, jouant des ombres et combinant différents styles à la fois.
Cet album se termine par quatre mini-récits d'autres auteurs sur le thème de la créature d'O'Barr. Le dernier, un suicide admirable, est d'une beauté tragique à couper le souffle.
Un one-shot qui vient agrandir la collection de cette licence chez Vestron, qui mérite vraiment d'être lu pour la qualité de son scénario et de ses dessins.