Résumé: Sur fond d’Amérique des années 50, la première bande dessinée de Devig en solo : un solide récit d’aventure dans la tradition de la ligne claire.
L
e père Mils prépare la tombola annuelle de sa petite paroisse sur la côte Est des États-Unis. Un habitant du village le convainc de venir voir son fils atteint d’une mystérieuse maladie que la médecine ne parvient pas à vaincre. Devant le désespoir du pauvre homme et bien que doutant de son utilité, le prêtre accepte de visiter le malade. Il découvre un être terriblement défiguré et victime d’un étrange phénomène. Choqué et sa curiosité piquée au vif, le père Mils entreprend de se renseigner sans se douter que sa démarche va l’entraîner sur une voie bien dangereuse.
Devig propose un album qui fleure bon les années cinquante. De la reliure à la couverture, en passant par la ligne claire et les neufs cases par planche, ou encore les phylactères bien remplis et la texture du papier, tout concourt à rappeler les ouvrages d’Hergé ou de Jacobs. Le dessin ravira les amateurs par son élégance et sa précision. L’ambiance des aventures de cette époque est joliment recréée et il paraîtrait presque normal de découvrir le professeur Mortimer au détour d’une page.
Si la forme rappelle les œuvres fondatrices de la bande dessinée franco-belge, le fond n’est pas en reste. Le récit reprend les mêmes ingrédients : un héros débrouillard, des méchants clairement identifiés, des évènements qui s’enchaînent sans réel temps mort, une intrigue avec une base historique (les travaux de l’ingénieur serbe Nikola Tesla, notamment le projet de « rayon de la mort ») et une dose de fantastique liée à l’expérimentation scientifique. L’histoire se tient bien, cependant, elle est sans réelle surprise et il est dommage que le tout soit un peu vite mené (quarante-six pages) pour s'achever sur une chute expédiée.
Une lecture trop rapide pour un récit très plaisant au charme suranné.
Les avis
addrr
Le 12/12/2023 à 23:24:16
Hé bien oui, tout amateur de ligne claire et d’enquête mystérieuse doit lire cet album. C’est dit.
Petit bémol que je vais donner d’entrée de jeu : la couverture et le texte en 4e de couv’ dévoilent beaucoup, beaucoup trop de pans de l’histoire pour qu’elle ne soit très mystérieuse. Et c’est dommage !
Je comprends qu’il faille attirer le chaland en lui vendant certains éléments, mais là, c’est trop.
L’histoire pourrait être plus prenante et la fin encore plus éclatante si rien n’était dévoilé d’entrée de jeu, car tout est réuni. On sait tous qu’il y a un croiseur, des soldats dedans, des expériences à ne pas dévoiler, que c’est la faute au gouvernement ricain, alors ça tombe à l’eau dès le début côté mystère.
Il suffisait d’être moins racoleur extérieurement… et de 2-3 ajustements niveaux scénario, rien de méchant.
Pour autant, on prend beaucoup de plaisir à suivre les pérégrinations de ce prêtre sympathique, profondément honnête et droit. C’est un bon héros, bien campé, crédible.
Les dessins sont des petites merveilles par moments et me font penser a du Didier Savard. Le héros a d’ailleurs un air de ressemblance avec Dick Hérisson, et son aventure ne dépareillerait pas dans la collection.
L’ambiance 50’ est palpable et les scènes d’action sont bonnes. J’aime particulièrement le passage de l’asile sur l’île, il y a un petit air de Shutter Island.
En bref, c’est mon style de lecture détente, avec de l’aventure décomplexée mêlée à des mystères légers, le tout rendu avec des graphismes clairs et lisibles.
J’aime ce que fait Devig dans son genre.