Le 03/09/2020 à 15:12:06
La scénariste signe ici son premier roman graphique. Elle est en réalité pianiste et auteur-compositeur. Bon, elle avait rédigé un mémoire en science-politique sur le procès Papon tout en ayant fait un stage à la fondation Anne Frank. Bref, elle connait bien le sujet. Le dessinateur signe également son premier roman graphique. Il a travaillé dans l'univers de la publicité en tant qu'illustrateur. Ensemble, ils vont réaliser un sujet original et difficile que celui du procès de Maurice Papon, un homme qui a collaboré avec l'ennemi sous le gouvernement de Vichy avant de devenir préfet puis ministre sous Giscard. Un homme qu'on pourrait qualifier de tout à fait respectable mais qui a été en réalité un des pires assassins que le pays ait connu. Aborder le cas Papon sous forme d'une bande dessinée n'était pas une chose aisée car cet homme a fuit toute sa vie les horribles crimes qu'il avait commis en se présentant comme un héros de guerre, un gaulliste de la première heure, un ministre du budget etc... La véritable question du procès était de savoir si l'obéissance aux ordres pouvait exonérer de la responsabilité de la mort de milliers de juifs ? Ce procès a permis de mettre en évidence qu'il y avait eu en France une bureaucratie criminelle qui avait permis au nazisme de poursuivre sa folie meurtrière sur notre sol ainsi souillé par l'infamie. Bref, une ouverture des yeux que beaucoup voulaient fermer au nom d'une certaine tranquillité d'esprit. Un crime de papier, c'est un homme qui du fond de son bureau signe des ordres qui vont emmener femmes et enfants dans un train vers une mort certaine dans les camps de concentration. La justice tranchera en 1998: 10 ans de réclusion criminelle pour complicité de crime contre l'humanité que Papon n'effectuera pas en raison de son grand âge et de son état de santé. Tout cela est bien louable. Il est cependant dommage d'avoir voulu agrémenter l'histoire par une romance fictive un peu légère. La multiplication des flash-back ne va pas améliorer la lisibilité de ce récit. Le trait du dessin sera également beaucoup trop approximatif. Par ailleurs, je n'ai pas vraiment compris le lien entre le procès Eichmann en 1961 à Jérusalem et le procès du Secrétaire général de la préfecture de Gironde. En conclusion, il y a la rigueur dans cette quête de justice qui sera bien instructive pour sensibiliser l'ensemble des concitoyens à cette sombre période de l'histoire ainsi que le fait que la bureaucratie peut tuer. Pour le reste, l'amateurisme n'a pas permis une bonne mise en valeur sur le format de la bande dessinée.BDGest 2014 - Tous droits réservés