L
e commissaire divisionnaire Bruno Crémèr, son adjoint Lucas et sa fidèle chienne Jessica sont en croisière dans l'océan Indien à bord du paquebot "Beagle". Au fil des rencontres sur le pont, les sujets de conversation passent de la simple analyse du mal de mer chez les canidés, au sujet plus complexe de la théorie de l'évolution. Jusqu'à l'avarie, l'escale forcée sur un îlot de Sumatra, la mort "accidentelle" du professeur Shrewbury et la découverte d'une espèce qui pourrait bien être le maillon faible. Le chaînon manquant, Lucas, le chaînon manquant !
Le rayon de la bande dessinée humoristique absurde et loufoque est de plus en plus fourni et l'engouement des éditeurs pour ce créneau plus "alternatif" en est une des raisons. La collection Poisson pilote, avec Les cosmonautes du futur, Inspecteur Moroni ou Les entremondes, entre autres, en est le parfait exemple. Crémèr s'invite sans complexe dans cette catégorie. Le ton est donné dès les premières pages avec cet homonyme, sosie de l'acteur français célèbre pour son stoïcisme, la sévérité de son regard et son gros grain de beauté, qui parait décalé et grotesque dans cet univers risible. Lucas, son faire-valoir, est bien entendu là pour apporter la touche de ridicule qui sied si bien à tout héros justicier malgré lui. Car Crémèr est de ceux qui se fourvoient sans arrêt et arrivent à leurs fins par erreurs successives, tel le Sherlock Holmes de Veys et Barral. Mais la comparaison s'arrête là car les éclats de rire ne sont pas au rendez-vous comme la couverture à l'allure burlesque et au titre évocateur pouvait laisser l'espérer.
Le lecteur ne manquera pas de comparer le trait de Daniel Casanave (L'Amérique, Baudelaire) avec celui de Manu Larcenet, et à juste titre car ce dernier est sans doute une de ses influences majeures. Par voie de conséquence, il s'attendra également à un humour aussi décapant que celui de l'auteur de La vie rocambolesque de… Or l'association de Casanave avec Vandermeulen (Fritz Haber) joue plus dans la nuance, avec une pointe de "non-sens" et d'échanges pseudo-intellectuels barbants dosés à la limite de l'ennui. Néanmoins, l'effet produit n'est guère éloigné du sentiment de remplissage nécessaire pour étirer sur quarante-six planches un scénario qui n'en nécessitait pas tant. Le résultat ne se fait pas longtemps attendre : la lassitude pointe le bout de son nez avant la fin de l'histoire.
Des personnages attachants, des situations cocasses et de l'humour sous-jacent : à n'en pas douter, il y a matière à décrocher la timbale. Encore faut-il réussir à marquer l'essai avant de le transformer.
Les avis
minot
Le 05/01/2016 à 19:07:42
L'album a vraiment du mal à démarrer (beaucoup de dialogues peu convaincants, des personnages assez fades, un humour assez poussif ...) puis tout s'emballe dans la seconde moitié de l'album, pour finir dans un cynisme total qu'on n'attendait pas et qui mine de rien laisse pas mal à réflexion.
Un album au final divertissant et qui se termine mieux que ce qu'il n'avait commencé, même si je ne suis pas convaincu par le dessin que je trouve peu excitant.