Résumé: Après Animal’z et Julia et Roem, voici enfin le troisième volet de la trilogie événément signée Enki Bilal.
Dans un ciel sens dessus dessous ponctué d’immenses masses nuageuses aux allures menaçantes progresse le Zeppelin sinistré Garbage et son équipage incongru : un couple de passagers de hasard embarqués à Tanger, Anders Mikkeli et Esther Roblès, deux jumelles orphelines sujettes à de mystérieuses crises de citations littéraires, leur garde du corps et le cadavre démembré du pilote de l’appareil, suspendu à ce qui reste de sa nacelle détruite. Dans les soutes, un mélange de déchets nucléaires instables et d’armes atomiques en état de marche, indice probable des visées terroristes du Garbage. Balloté au gré de la violence des vents, ses équipements verrouillés sur navigateur automatique, l’aérostat semble totalement livré à lui-même, et pourtant… Pourtant quelque chose suggère qu’il y a peut-être là un dessein, une volonté, une direction. Car au même moment, nombre des personnages croisés au fil des deux précédents volumes de la trilogie – Ana et Lester, Bacon et son dauphin hybride, Julia, Roem et Lawrence, l’ex-aumonier militaire – se sont eux aussi mis en mouvement, comme mûs par un appel secret. Leur périple annonce-t-il le stade terminal du « coup de sang » planétaire ? S’agit-il des prémisses de la troisième guerre mondiale annoncée, qui mettra ainsi un point final à la crise environnementale généralisée ? Ou d’autre chose encore, divergeant de tout ce qu’on pouvait imaginer ?
Toujours magistral, tant dans la puissance et l’originalité de son récit que dans son traitement graphique et chromatique exceptionnel, Enki Bilal apporte un point final à la trilogie amorcée dans Animal’z et poursuivie dans Julia et Roem. L’un des titres les plus attendus de la fin d’année.
D
ans un Zeppelin sinistré, un équipage d’infortune dérive au gré d’une Terre qui a repris le contrôle d’elle-même. Témoins involontaires de l’avènement d’une ère nouvelle, Anders Mikkeli, Esther Roblès, Louissa & et Zibbar convergent vers un mystérieux point de rendez-vous, sur ce qui, hier encore, était les côtes de la Sicile.
Eau, Terre, Air. Après Animal’z et Julia & Roem, La couleur de l’air clôt la trilogie du Coup de sang.
Ce dernier album, au final surprenant, prend l’apparence d’une allégorie écologique des plus optimistes sur la bienveillance de notre planète-mère envers un genre humain qui ne l’a guère épargnée. Une interrogation subsiste cependant : pourquoi la Terre, dès lors qu’elle posséderait la faculté de se défaire de son plus turbulent locataire, l’épargnerait-elle, et lui offrirait une autre chance ? Afin que les mêmes causes ne produisent encore les mêmes effets, la question posée trouve une réponse pour le moins radicale. La Nature, dans une restructuration quasi-organique, en même temps qu’elle dissout - en ses tréfonds - les vestiges de la noirceur de l’âme humaine, en profite pour reformater l’esprit de ceux et celles qu’elle décide de sauver du néant. Dans la grande réorganisation qui s’opère, les codes et comportements d’antan auront été oubliés et l’Humanité évoluera alors dans une virginité retrouvée, en symbiose avec un monde débarrassée de ses vieux oripeaux. Bilal, en démiurge du 9ème Art, réinvente le Paradis ainsi que le mythe du bon sauvage si cher à Rousseau et, au passage, retire tout libre arbitre à l’Homme !
Adhère qui veut à cette nouvelle conscience planétaire qui viendrait de la Terre et non de ses habitants, mais aussi à ce scénario aux allures de road-movie difficile, parfois, à appréhender. Quoi qu’il en soit, le graphisme d’Enki Bilal demeure toujours aussi envoûtant. Structurées par des monochromes aux crayons gras ou aux pastels sur des tons gris-bleuté ou gris, les pages s’illuminent progressivement vers une explosion de couleurs et de lumière à l’acrylique : métaphore visuelle de la renaissance, de l’aube d’un nouveau jour. Enki Bilal développe une approche graphique qui le fait passer par un assemblage de différentes cases «tableau », ce qui lui permet de libérer son geste et de s’affranchir des limites physiques de la case afin d’explorer les voies de l’ampleur et de la recomposition. Dès lors, les planches ne sont plus une matrice dans laquelle s’insérer mais un collage dont l’agencement optimum peut être itéré à l’infini. Superbe !
La couleur de l’air achève une fable qui vaut surtout par la puissance de son dessin, duquel émane un magnétisme indéniable et qui explique, certainement, la cote de l’artiste au sein des officines de vente aux enchères. Reste que le propos et ce qu’il sous-tend s’avèrent encore trop hermétiques pour permettre au plus grand nombre d’apprécier les nouveaux mondes bilaliens.
Les avis
gregfox
Le 24/12/2015 à 14:27:27
Depuis la trilogie Nikopol, on a l'impression de relire un peu la même chose avec Bilal mais on espère toujours avoir la bonne surprise. Et ce n'est pas avec ce 3ème tome de sa série "Coup de sang" qu'elle pointe son nez.
Bilal dessine toujours les mêmes personnages, on arrive parfois à les confondre. Ces dessins sont identiques d'un album à l'autre, il ne suffit pas de donner une teinte particulière à chaque album (gris pour Animal'z, ocre pour Julia & Roem, bleu pour celui-ci) pour feindre de se renouveler.
Côté scénario, les bonnes idées se font assez rares et noyées au milieu de celles trop loufoques.
Le problème de Bilal est qu'il n'arrive jamais à faire de ces bonnes idées une histoire qui se tient.
Au final, si vous aviez des doutes sur cet auteur, c'est peut-être la série qui vous en fera définitivement raccrocher.
gregfox
Le 24/12/2015 à 14:27:26
Depuis la trilogie Nikopol, on a l'impression de relire un peu la même chose avec Bilal mais on espère toujours avoir la bonne surprise. Et ce n'est pas avec ce 3ème tome de sa série "Coup de sang" qu'elle pointe son nez.
Bilal dessine toujours les mêmes personnages, on arrive parfois à les confondre. Ces dessins sont identiques d'un album à l'autre, il ne suffit pas de donner une teinte particulière à chaque album (gris pour Animal'z, ocre pour Julia & Roem, bleu pour celui-ci) pour feindre de se renouveler.
Côté scénario, les bonnes idées se font assez rares et noyées au milieu de celles trop loufoques.
Le problème de Bilal est qu'il n'arrive jamais à faire de ces bonnes idées une histoire qui se tient.
Au final, si vous aviez des doutes sur cet auteur, c'est peut-être la série qui vous en fera définitivement raccrocher.
gregfox
Le 24/12/2015 à 14:27:26
Depuis la trilogie Nikopol, on a l'impression de relire un peu la même chose avec Bilal mais on espère toujours avoir la bonne surprise. Et ce n'est pas avec ce 3ème tome de sa série "Coup de sang" qu'elle pointe son nez.
Bilal dessine toujours les mêmes personnages, on arrive parfois à les confondre. Ces dessins sont identiques d'un album à l'autre, il ne suffit pas de donner une teinte particulière à chaque album (gris pour Animal'z, ocre pour Julia & Roem, bleu pour celui-ci) pour feindre de se renouveler.
Côté scénario, les bonnes idées se font assez rares et noyées au milieu de celles trop loufoques.
Le problème de Bilal est qu'il n'arrive jamais à faire de ces bonnes idées une histoire qui se tient.
Au final, si vous aviez des doutes sur cet auteur, c'est peut-être la série qui vous en fera définitivement raccrocher.
Bandamoebius
Le 13/11/2014 à 09:41:58
Une conclusion limpide pour une trilogie forte. Jamais Bilal n'avait été aussi simple et épuré, dans le fond comme dans la forme, depuis la trilogie Nikopol. Dessin bilalien, donc exceptionnel, et usage parfait de la couleur en fin d'album!
bd91130
Le 01/11/2014 à 12:39:35
Bilal... Toujours le même phénomène. C'est magnifique, en tout cas subjuguant ou fascinant côté dessin. On aime ou on n'aime pas. On lit et puis on est perplexe. Ai-je bien tout compris? C'est superbe ou c'est très chiant? Alors on relit. On savoure. Et la réponse est là, oui, encore une fois c'est superbe !