Résumé: Comment devient-on auteur de bande dessinée ? Quel est votre plan BD, au cas où votre carrière s’effondre ? C’est quoi le problème avec les français et la bise ? Un “5 à 7” ? Autant de questions auxquelles les 8 auteurs de Correspondances ont pu répondre en dessin. Pendant plus de 8 mois, 4 auteurs français et 4 auteurs québécois ont dialogué, ont échangé, sur leurs métiers, leur rapport à la créativité, les coutumes, expressions de leurs pays... Dans les pages de ce livre : les dialogues dessinés, et les compte-rendus de leurs rencontres. Entre crabes des neiges et andouillettes, entre le Rhône et le St Laurent, entre Lyon et Québec, suivez leurs échanges tout au long de ces quelques mois...
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uatre bédéistes lyonnais (Marie Avril, Chloé Cruchaudet, Deloupy et Laurent Veyron) et quatre québécois (Jimmy Beaulieu, Paul Bordeleau, Djief et Julie Rocheleau) se sont réunis une première fois, en avril 2016, au Festival de la bande dessinée francophone de Québec, avant de se retrouver quelques semaines plus tard à Lyon BD. Dans la foulée de ces rencontres, ils sont invités à donner leurs points de vue sur une variété de sujets. Leurs bagages culturels, leurs styles et leurs univers littéraires sont différents, mais, au final, ce qui ressort de l’exercice, ce sont les points de convergence.
Au-delà des clichés (joual et nuances lexicales, Français qui se font la bise alors qu’une poignée de main ferait l’affaire, etc.), le lecteur sent une réelle complicité entre les trois femmes et les cinq hommes. Ils discutent de Charlie Hebdo, de la difficulté de vivre de leur art, de la volonté des francophones du Canada d’être édités en Europe ou de ce qui les a incités à choisir leur métier. Ces tranches de vie constituent autant de portes qui s’ouvrent sur les rouages du 9è Art et de sa création.
Il est par ailleurs agréable de voir certains créateurs sortir de leur zone de confort. Particulièrement Djief, étonnement drôle alors que ses albums sont généralement dramatiques. L’amateur s’amuse également des angoisses existentielles de Marie Avril et des voyages fantaisistes de Paul Bordeleau.
Graphiquement, tous conservent leur coup de pinceau et le collectif va dans toutes les directions. Ce manque d’unité ne dérange pas, chacun s’exprime avec sa voix et l’ensemble demeure cohérent. Les artistes ne présentent pas leur travail le plus soigné. Il est évident que leur collaboration s’est réalisée dans l’urgence et qu’ils avaient d’autres sangliers sur le feu. Ce côté empressé n’a rien d’embêtant, bien au contraire. Peut-être même que cette spontanéité est essentielle à la sincérité de la démarche.
De ces regards croisés sur le monde en général et sur l'art séquentiel en particulier, se dégage une joyeuse connivence transatlantique. Le projet permet en outre de découvrir un petit groupe d’artistes moins connus.