I
ls s’appellent Toshizô Hijikata, Risaburô Nomura et Kazue Sôma. Un destin les lie, celui de leur engagement plein et entier dans le Shinsengumi, dernier rempart du shogun Tokugawa face aux forces impériales. Fiers de porter les couleurs de leur groupe et d’appliquer les valeurs du bushido, le vice-capitaine Hijikata, dit le « démon », et ses compagnons luttent pied à pied durant la guerre du Boshin (1868-1869), allant d’Ezo, où les jusqu’au-boutistes ont instauré une république, à Hakodate où les survivants finissent par se replier. Mais, inévitablement, le glas sonne pour consacrer la fin d’une ère, celle des samouraïs. Reste à chacun à mourir en guerrier…
Après Otomen et L’empreinte du mal, Akata-Delcourt publie un nouveau titre de Aya Kanno, Corps et âme. Composé de trois nouvelles, ce premier tome permet de découvrir les dernièrs mois du Shinsengumi. Fascinante et controversée, cette milice de jeunes rônins pro-shogunale, mise sur pied entre 1853 (arrivée des cuirassés américains du commandant Perry au large des côtes japonaises) et 1863, et certaines de ses figures les plus connues n’ont pas manqué d’apparaître dans mangas (Kenshin le vagabond, Peace maker, Le loup de Hinata), animés (Bakumatsu Kikansetsu) et films (Tabou). L’angle de vue choisi par Aya Kanno pour dresser le tableau de la période décrite et les portraits des trois personnages qu’elle met en scène- l’un réel, Hijikata, les autres fictifs-, s’avère éminemment romanesque et héroïque. Respectant la réalité historique, l’auteure montre le vice-capitaine comme étant un homme strict, voire même très rigide, tout en le rendant sympathique par bien d’autres aspects. Quant aux subordonnés, elle en fait une paire complémentaire, avec Nomura dans le rôle de la tête-brûlée des plus téméraires et Sôma dans le rôle du suppléant pondéré capable de prendre les bonnes décisions et de mettre un terme au Shinsengumi le moment venu. Sur un ton résolument nostalgique et de façon bien rythmée, chaque récit développe la destinée propre à chacun des trois protagonistes principaux, tout en parvenant à éviter les redites concernant des épisodes partagés marquant durablement leur vie. Côté graphisme, le lecteur retrouve le trait caractéristique de la mangaka qui ne s’éloigne guère des canons du shôjo. C’est ainsi que les hommes du Shinsengumi, Hijikata en tête, se révèlent tous jeunes et beaux et pas très éloignés de la gravure de mode. Mais, dans l’ensemble, le dessin est assez réaliste, plutôt dynamique et offre quelques belles scènes de bataille bien lisibles.
Un sujet intéressant pour une lecture agréable à défaut d'être sensationnelle.