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ontréal, février – septembre 2021. La pandémie de COVID19 bat son plein, rendant les échanges humains difficiles et transformant les tâches administratives encore plus éreintantes. Rajoutez un problème d'appartement et un conflit avec un nouveau propriétaire prêt à tout dans le but d’évincer ses locataires et vous obtenez une année particulièrement noire pour Shaghayegh Moazzami. Pourtant, rien ne la fera regretter son départ d’Iran, même pas le souvenir des douceurs de l’enfance et des moments heureux passés en compagnie de son grand-père.
Les coquelicots de Ridgewood prend la suite de Hantée. Quelques années sont passées et Shaghayegh a obtenu la résidence permanente au Canada et l’acquisition de la nationalité est en vue désormais. Dans le même temps, son acclimatation à la Belle Province, tant culturelle que climatique, semble au point mort, sans compter la pandémie qui vient tout mettre au ralenti. De plus, si ça ne suffisait pas, la crise du logement dont les journaux parlent tellement la frappe en pleine face. Elle va devoir se battre contre une rénoviction menée par une entreprise prête à tout pour l’expulser de son petit chez elle. Heureusement, les autres habitants de l’immeuble ont décidé de résister et une longue bataille juridique s’engage. Le tout en français, langue qu’elle ne maîtrise toujours pas. Pendant ces mois critiques, il lui faudra énormément de caractère pour trouver les ressources afin de ne pas sombrer.
Récit autobiographique des plus classiques, l’album alterne entre le présent et le passé. En effet, malgré le risque de la nostalgie et des regrets, l’autrice replonge régulièrement dans son enfance iranienne. Certes, le régime se montrait dur, particulièrement envers les petites filles, mais c’était en fin de compte des temps plus simples, en famille. Même révolus, ces épisodes servent de soupape à Shagha pour supporter les tracasseries qu’elle affronte. Par contre, une chose ne changera pas, elle a décidé de tourner la page en s’installant sur un autre continent. Pour le reste, il faudra s’accrocher et elle verra bien la suite des évènements.
Mélange de tranches de vie d’une émigrée volontaire avec un catalogue de péripéties du quotidien, le tout en suivant les mesures sanitaires en vigueur, l’ouvrage est évidemment poignant et met en lumière une personnalité fragile et forte. Cependant, des histoires comme celle de Shagha, il y en a des milliers, si ce n’est pas plus, au Canada et ailleurs. Sans réelle mise en contexte ou élargissement vers d’autres personnages ou points de vue, la lecture n’arrive malheureusement pas à dépasser le statut du témoignage individuel. Dommage.