Info édition : Dossier historique de 11 pages en fin d'album.
Résumé: Montpellier, 1975. Angelita, fille de réfugiés espagnols à qui sa vie tranquille semble trop rangée, est tentée de flirter avec l'un de ses collègues. Mais son existence va soudain prendre un tour dramatique lorsqu'elle découvre que sa mère a fait une crise cardiaque. À Barcelone. Alors qu'elle avait promis de ne pas y retourner tant que Franco serait encore vivant... Accompagnée de René, son beau-père français, qui l'a élevée après la mort de son père alors qu'elle avait 10 ans, Angelita va partir à la redécouverte de son passé, celui de la retirada, qui vit des milliers d'Espagnols républicains fuir leur pays vers la France, avant de se retrouver dans les camps d'Argelès, d'Angoulême, ou pire : de Mauthausen...
Eduard Torrents, dessinateur barcelonais, nourrit cette histoire de son propre passé familial, mis en scène par le réputé Denis Lapière, qui compose avec Angelita un personnage tout en subtilité.
Une fiction universelle, nourrie d'une Histoire qui l'est tout autant, proposée dans une indispensable édition intégrale complétée d'un dossier historique exclusif.
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ontpellier, 1975. Angelita, fille de réfugiés, mène une existence tranquille avec époux et adolescent. Un soir, son beau-père lui apprend que sa mère est hospitalisée à Barcelone. La chose est étonnante puisqu’elle s'était jurée de ne pas retourner dans son pays avant la mort de Franco. Tous deux partent à son chevet. Dans le train, elle raconte sa vie : fuite pendant la guerre d'Espagne, autorités françaises séparant les familles, camps insalubres, puis disparition du paternel réputé mort après sa déportation par les nazis à Mauthausen. Changement de narrateur dans la deuxième partie, alors que le géniteur, finalement toujours vivant, comble les vides.
Denis Lapière dépeint une période de turbulences à travers ses conséquences sur les protagonistes, victimes anonymes et collatérales des événements. Malgré leurs blessures, mère et fille se reconstruisent et semblent relativement heureuses. L'adultère se révèle, étrangement, le discret fil conducteur de cette histoire.
D'abord publié en 2013 dans deux tomes lancés presque simultanément, Le convoi adopte une structure dite champ / contrechamp classique et efficace. Chacun expose son point de vue et, au final, le bédéphile dispose d'une vision complète des mésaventures.
Au terme du récit, le mystère est dissout, Le lecteur a toutefois du mal à comprendre le pourquoi des cachotteries entretenues par les parents. La résolution de la crise conjugale d'Angelita, qui s’affirme comme le point de départ et d’arrivée du diptyque, demeure pour sa part convenue et anecdotique, voire artificielle.
Le trait gras d'Eduard Torrents s’exprime dans de grandes cases. Un luxe d'espace dont il ne profite pas tant les décors sont succincts. Le jeu des comédiens se montre pour sa part figé, même lorsqu’ils sont captés en gros plan. Le travail de Marie Froidebise, dont la mise en couleur repose sur de larges aplats, contribue à l’artificialité des illustrations.
Un sujet intéressant, dévoilant un volet méconnu de l'histoire de l'Hexagone. Un copieux de dossier de onze pages sur ces exilés mal aimés permet du reste de s’instruire sur cette question. Cela dit, dans les années 1930 comme aujourd'hui, en France comme partout, les migrations massives se font rarement sans heurts.