L
es occidentaux ont toujours été fascinés par l’Orient qui, des rives du Gange à celles du Yang-Tsé-Kiang, élève l’éveil des sens au rang d’art de vivre.
À travers sa collection Rose, Tapages nocturnes - éditeur (très) discret - fait découvrir à son public quelques-unes des voluptés orientales et hindoues grâce à un trio de dessinateurs locaux. Autant de manières d’apprécier une sexualité où la sensualité et la brutalité sont les deux faces d’un plaisir diversement partagé. S’en suivent donc trois albums, Les Contes du Kimono d’Or de H2O2 (scénario) et L1J (dessin), Les Contes oubliés du Kamasutra de Thomson & Mirten (scénario) et Tayal (dessin) et enfin, Les Contes fleuris du Yang-Tsé de Chu Mi.
Chu Mi est une jeune illustratrice chinoise dont le peu d’éléments glanés ici ou là lui attribue « …/… une formation de peinture chinoise classique et une expérience dans les illustrations pour la presse jeunesse ». Toutefois, et afin qu’il n’y ait aucune confusion, sa prestation est à réserver, malgré sa relative candeur, à un public averti. Si ses trois petites histoires sont l’occasion de donner libre cours aux troubles amoureux qui étreignent les différents protagonistes, ceci est fait avec des teintes apaisées, des courbes fluides et harmonieuses qui traduisent l’état d’esprit qui anime la jeune auteure. Au-delà de l’esthétisme des formes, Chu Mi s’attache à une certaine profondeur du fond et ancre ses scénarios dans les schémas sociétaux et la culture de l’empire du Milieu. Ainsi, la soumission à l’honneur de sa famille, de ses maîtres ou à son pays structurent ses trois récits, à l’image de Last Tango, dernière des saynètes de l’album et certainement la plus aboutie.
Relevant plus d’un érotisme délicat que des productions de Marc Dorcel, Contes fleuris du Yang-Tsé ne mettra pas les plus blasés en émoi, mais, à l’évidence, ce n’est pas le but recherché.