Résumé: Qing et Nie étaient deux splendides jeunes femmes. L’une s’est pendue lorsqu’elle a découvert que son mari l’avait vendue pour payer ses dettes de jeu ; la seconde a disparu sans même que ses parents ne sachent où retrouver sa dépouille. Qing et Nie sont mortes. Prisonnières d’une créature abjecte qui les force à séduire les hommes, pour les assassiner et recueillir leur sang, elles sont condamnées à errer ainsi pendant mille ans ...
C
haque nuit, Qing et Nie parcourent les rues de Jinhua à la recherche d’hommes à séduire, non pour satisfaire leurs pulsions mais afin de les livrer à leur terrible maîtresse. Toutes deux sont des fantômes, depuis que l’une s’est pendue après que son mari l’a vendue pour payer ses dettes, et que l’autre a disparu sans que les siens puissent ensevelir son corps. Lorsqu’elles rencontrent le beau Ning Caichen, un espoir apparaît, mais l’affreuse créature qui les tient prisonnières entend bien dévorer le jeune homme. Ce dernier, épris de Nie, décide de la sauver, avec l’aide du chasseur d’esprits, Yan Chixia.
Après Le Dieu Singe, Au Bord de l’eau et Beowulf, le premier tome des Contes du boudoir hanté vient étoffer la collection Ex-libris des éditions Delcourt, dirigée par Morvan et consacrée aux grands textes fondateurs, le but étant d'en faire connaître la version originelle au grand public.
La série, scénarisée et dessinée par la chinoise Li Yishan, est tirée de Lioazhai zhiyi, l’œuvre monumentale du lettré Pu Songling (1640-1715), compilant en quinze rouleaux pas moins cinq cents histoires et anecdotes mêlant quotidien et fantastique. Ce gigantesque écrit a connu de multiples traductions sous des titres divers - ainsi Les chroniques de l’étrange parues chez Picquier - et a inspiré de nombreux artistes, entre autres Nie Chongrui qui a adapté un des récits en l'intitulant Le Fils du Marchand, publié par Xiao Pan. Ce même manhuaji a également donné une version de la légende racontée dans ce premier volet des Contes du boudoir hanté dans son album La Belle du temple hanté. Si la base est incontestablement la même, le traitement diffère. Là où Nie Chongrui développe l’intrigue à l’extrême, ajoutant rebondissements et personnages, Li Yishan s’en tient au texte d’origine bien plus succinct.
Le scénario, qui se déroule sur un bon rythme, tient en effet en peu de mots et agrémente la romance un peu sucrée d'une dimension fantastique. Pourtant, au-delà de la grande simplicité du noyau, le lecteur trouve de nombreuses indications et allusions aux pratiques et aux croyances de la Chine des Qing. Par exemple, le héros travaille pour un prêteur et est chargé de collecter les sommes dues auprès des débiteurs. La compagne d’infortune de Nie, en avouant le motif de son suicide, éclaire sur certaines coutumes de l’époque, comme la vente d’un membre de la famille pour solder des dettes. Le fait que l’héroïne soit condamnée à errer mille ans parce que son corps n’a jamais pu être retrouvé par les siens et que les rites funéraires n’ont pas été accomplis, est aussi instructif. Enfin, avec ces apparitions fantomatiques et la présence de la femme vampire, nous est livré un tout petit aperçu – qui devrait sans nul doute être développé ultérieurement – du folklore chinois peuplé de nombreuses créatures surnaturelles omniprésentes dans les contes. Malgré des visages trop triangulaires et des proportions parfois inadéquates, le dessin de Li Yishan accompagne agréablement cette nouvelle. Son trait, quoiqu’un peu lisse, possède une certaine délicatesse qui convient bien au propos ainsi qu’à l’atmosphère nocturne du récit.
Invitant à (re)découvrir les légendes chinoises de Pu Songling, Les Contes du boudoir hanté proposent une plongée dans un monde où l’étrange a une bonne place. Un début sans esbrouffe mais intéressant.
>>> voir la preview des Contes du boudoir hanté
La preview
Les avis
Erik67
Le 26/11/2020 à 12:04:53
C’est une bonne idée que d’avoir voulu retranscrire les contes chinois dans une série fantastique dédiée. Cela nous fait découvrir toute la richesse du patrimoine culturel de cet immense pays. J’ai bien aimé qu’il y ait à la base de ces récits une romance confrontée à des forces maléfiques.
Le premier tome se terminera en quelque sorte mieux que le second où il y aura un sacrifice à payer. Bref, on ne peut deviner dans quelle direction va se terminer le conte surtout quand il prend des aspects un peu horrifiques. On évite également l’aspect poétique qui va généralement avec ce genre de récit et qui aurait incontestablement ralentit le rythme.
J’ai tout d’abord craint à une naïveté de ces contes mais c’était une fausse impression. Il faut dire que le dessin n’est point affirmé. Le graphisme manque un peu d’expressivité. Pour autant, les représentations des personnages et des lieux sont élégantes et distinguées. On a l’impression de flotter comme les fantômes que l’on va croiser ici et là. La colorisation y est sans doute pour quelque chose.
Au final, on va passer un agréable moment. Cependant, il faut avouer que cela ne restera pas mémorable car on a vu depuis beaucoup mieux. Sans vouloir critiquer, cela reste un travail tout à fait honnête. Simplement, je suis un lecteur un peu exigeant qui attend toujours plus…
madlosa
Le 04/09/2010 à 21:45:16
Fantôme et chasseurs de fantômes sont au menu de ce conte. Ah j'oubliai, l'amour s'invite à la partie... de chasse. Le sujet est intéressant 2 belles jeunes femmes fantômes servent de rabatteuses pour une abominable maîtresse mangeuse d'êtres humains. Des rencontres vont leur permettre d'échapper à leur triste condition. Mais voilà, le traitement du sujet laisse indifférent. Les dessins sont naïfs avec des personnages de type mangas pour ados attardés et les textes sont au niveau... des dessins. Fantômes à éviter...
zaaor
Le 08/03/2009 à 23:18:34
Les images sont très belles; un peu à la façon des mangas. L'histoire est sobre
mais légèrement ennuyante. Une histoire de fantôme chinois et d'amour en même
temps où, on n'en doute pas, le bien triomphera du mal...
Je vous ai donné la fin? Je viens de vous épargner quelques minutes que vous
pourrez prendre pour faire autre chose...