A
près les aventures qui le rendirent célèbre, Algernon Woodcock a cessé sa carrière médicinale pour parcourir l’Ecosse, errant au gré des rencontres, toujours avide d’écouter ces histoires si singulières et tellement étranges.
Le personnage d’Algernon Woodcock n’est plus à présenter : ce personnage atypique connaît un succès qui ne se dément pas tout au long des quatre albums de ses aventures. Mathieu Gallié a donc souhaité poursuivre et exploiter ce succès pour lancer une série parallèle : Les Contes des Hautes Terres.
Le premier tome était agréable sans être remarquable, sans doute en raison de pages en noir et blanc alors que ce type de récit demandait de la couleur, ce qui n’enlève rien à la qualité de l’ouvrage, évidemment. Pour ce second tome, le passage à la couleur se révèle être un plus, les ambiances y sont plus fortes, plus profondes. Les dessins hors récits illustrés par Sorel sont magnifiques, c’est un auteur qui n’a pas son pareil pour jouer avec les volumes que ce soit avec la toison d’un mouton ou les plis du pantalon d’Algernon. Il est talentueux et cela se voit à chaque case. Face à un tel dessinateur, Gwendal Lemercier ne souffre pas la comparaison et l’on mesure les progrès réalisés depuis les planches des Contes de l’Ankou. Son trait est plus ferme, plus assuré. L’évolution la plus flagrante concerne les personnages, avec des visages plus travaillés, plus expressifs. Les vêtements de ces derniers sont également remarquables avec leurs jeux d’ombres.
La Sixième Couronne livre deux récits ayant la simplicité de légendes souvent transmises pendant des décennies par des conteurs au coin du feu. Cette naïveté et ce naturel dans les histoires amène à les trouver un peu légères, voir fades. Ce qui est sans doute le cas, mais il ne faut pas trop demander à ces récits issus de tradition populaire, volontairement superficiel pour être accessibles à tous.
Les Contes des Hautes Terres sont à l’image des contes et légendes des pays celtes, à appréhender comme des témoignages vivants de ces cultures, et de la perséverance des anciennes croyances face à la religion chrétienne notamment (cf Contes du Korrigans ... aux éditions Soleil). Des histoires qui ont perduré au fil des siècles pour s’installer dans la mémoire collective. Ce deuxième tome est donc l’occasion d’apprécier le talent de Guillaume Sorel et de (re-)découvrir de jeunes auteurs en devenir comme Gwendal Lemercier.