D
ans un quartier paisible de Pékin se trouve une ruelle dans laquelle vivent un grand-père, ancien facteur, et sa petite fille. Elle s’appelle Yu’er, ce qui signifie enfant-poisson en chinois. Malheureusement, son infirmité l’empêche de se mouvoir comme les autres gamins de son âge. Qu’importe, il existe mille et une astuces pour profiter de la vie et de ses camarades de jeu, ou pour se défendre des mauvais garçons qui traînent dans les parages.
Quatre nouvelles composent Les Contes de la Ruelle, quatre histoires qui riment avec sensibilité, poésie et rêverie. D’une base relativement sombre, liée au handicap de Yu’er, Nie Jun réalise une œuvre forte autour de la transmission intergénérationnelle où s’immisce de temps en temps une pointe de fantastique. Les différents niveaux de lecture devraient permettre à tout un chacun d’y trouver son compte : titiller la fibre nostalgique des aînés quand un amour de jeunesse est évoqué, émerveiller les parents quand une jolie parabole mettant en scène un papillon, qui a lui aussi ses ailes abîmées, est racontée, faire rire les enfants devant les facéties improbables des plus anciens.
Nie Jun revendique ses multiples influences, d’Otomo à Toriyama en passant par Moebius et Hergé. Entièrement réalisé à l’aquarelle, l’album est une succession de planches aux couleurs pastel et au trait filiforme, renforçant encore l’impression de douceur. En lecture accompagnée ou en plaisir solitaire, Les Contes de la Ruelle est l’ouvrage typique qu’on prend plaisir à ressortir de temps en temps de sa bibliothèque.