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n février 1676, lors d’une promenade au bord de la Seine, Guillaume de Saint-Béryl sauve une fillette sur le point de se noyer. Emmenée chez l’aïeul du garçon, valet disgracié de Louis XIV dans sa jeunesse, l’enfant est soignée par Catherine Drouet, une guérisseuse, qui l’adopte. Bientôt, malgré son amnésie, Cécile démontre qu’elle possède certains talents, comme parler espagnol ou jouer du piano. Au fil des ans, l’adolescente apprend à son tour à soulager les maux des humbles, quand elle ne s’amuse pas avec Pauline, la sœur de son sauveur. En 1682, alors que cette dernière s’apprête à faire son entrée dans le monde, une lettre de grâce du souverain permet aux Saint-Béryl d’effacer la tâche sur leur nom et offre à Pauline et son frère des postes à Versailles. Accompagnés de Cécile, ils intègrent la vie du château. Mais, très vite, les deux amies doivent faire face aux manigances de Madame de Montespan, la favorite délaissée, qui voit leur arrivée d’un mauvais œil.
En parallèle de la sortie de Maïana qu’elle scénarise, Carbone (La boîte à musique, Dans les yeux de Lya) s’est lancée dans l’adaptation en bande dessinée de Complot à Versailles, une série romanesque historique destinée à la jeunesse et signée Annie Jay. Dans À la cour du roi, elle reprend la trame du premier opus de cette saga et entraîne les lectrices en herbe sur les traces des héroïnes, Pauline et Cécile. Le mystère qui entoure les origines de celle-ci laisse planer un certain suspens, tandis que les premières heures versaillaises du duo préparent le terrain pour les péripéties qui s’ensuivent. Intrigues d’antichambre, petites vexations et vilains coups bas s’enchaînent, les demoiselles s’en dépêtrant avec bravoure et les sentiments naissants s’immiscent également dans le récit puisque chacune des jeunes filles ne manque pas de s’éprendre de charmants gentilshommes. Cependant, le ton possède des accents un peu trop mielleux, voire mièvres et les personnalités ne sont pas vraiment approfondies, l’action l’emportant largement sur le reste.
Le dessin de Giulia Adragna, joliment rehaussé par la colorisation de Francesca Piscitelli, se révèle fort plaisant. Les protagonistes sont globalement tous agréables à regarder et bien caractérisés. Le trait arrondi leur confère une allure juvénile, ce qui convient à Pauline, Cécile, Guillaume et leurs amis du même âge. En revanche, à l’exception notable du vieux chevalier de Saint-Béryl et de Catherine, les autres figures plus âgées, en particulier la reine Marie-Thérèse et la marquise de Montespan, pourtant dans la quarantaine, paraissent physiquement un rien trop jeunes. Hormis ce bémol, le graphisme a tout pour remporter l’adhésion grâce à son expressivité et au soin apporté aux costumes.
Malgré quelques aspects mitigés, À la cour du roi constitue une entrée en matière honorable qui devrait plaire au public (pré)adolescent visé.