Résumé: 1929, New York. Ulrich, un jeune économiste allemand, est envoyé aux États-Unis pour infiltrer le célèbre Cercle de Wall Street. Lorsque celui-ci propose un placement lucratif dans une entreprise européenne, l'appât du gain prévaut sur la prudence. Personne ne se doute alors, pas même les plus éminents spécialistes, de ce qui se trame à la veille du plus important krach boursier du XXe siècle.
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On nous cache tout, on nous dit rien »
Lanzmann/Dutronc
Avec Complot, Gihef et Alcante prennent des risques et osent dire la vérité. Oubliez les livres d'histoire et les versions officielles, la réalité est souvent à des années-lumière de ce qui est généralement accepté. Prenez le krack de 1929, par exemple. Une crise financière comme les autres ? Une simple bulle spéculative qui explose ? Et si cet incident avait été planifié quelque part en Europe centrale dans un tout autre but ? Peut-être vaut-il mieux ne pas trop en savoir, finalement...
Il y a une part de plaisir pur dans le scénario concocté par Gihef (Mister Hollywood) : réécrire le passé, torturer les faits pour y introduire une dose de paranoïa et changer le sens des événements. Qui n'a jamais rêvé de jouer au démiurge ? L'aventure est tentante, mais délicate. Modifier en sous-main les fils du destin n'est pas chose aisée, encore moins quand on a l'ambition d'expliquer le destin du monde. La machination concoctée par le scénariste est à la fois effrayante et séduisante, même si elle ne s'accorde pas vraiment avec son époque. En effet, les ressorts de l'intrigue rappellent un peu trop les manipulations toxiques des traders du XXIe siècle et s'intègrent mal dans le Wall Street des Années Folles. Cela dit, l'appât du gain et l'absence d'éthique sont des travers aussi universels qu'intemporels. Malgré une construction très précise, la narration souffre d'une certaine lourdeur. Plus grave, l'intrigue semble être déconnectée de son environnement historique. En gros, elle sonne faux, comme si le nœud de l'affaire était vraiment trop gros. Mais peut-être s'agit-il d'un ultime subterfuge pour masquer les apparences ?
Aux pinceaux, Luc Brahy (Les fantômes du passé) souffle le chaud et le froid dans cette fable que n'aurait pas renié Largo Winch. Les personnages sont parfaitement croqués, un peu à la manière de Philippe Francq, et les décors très bien reconstitués. Par contre, le mariage entre ces différents éléments paraît, par moments, artificiel. Il en résulte un rendu un peu bancal et une impression d'inachevé. De plus, la mise en couleurs, passablement terne, de Delphine Rieu plonge les planches dans une atmosphère fade et sans relief.
À défaut d'innover sur le fond, le concept de cette nouvelle série est bien en place. Malgré quelques faiblesses, Le krach de 1929 se laisse tout de même lire avec un certain plaisir coupable. Et si...
Les avis
Erik67
Le 01/09/2020 à 20:32:10
Encore une excellente idée de mon scénariste fétiche Alcante. Il s'agit de décortiquer certains événements historiques et de voir ce qui se cache derrière. Faut-il voir des complots partout et sombrer dans une espèce de paranoïa collective ? Certes pas, mais il ne faut pas croire ce que disent les journalistes qui influent la pensée de masse jusqu'aux historiens qui peuvent aisément réécrire l'histoire.
Oui, je fais sans doute partie de ceux qui ont crû qu'il y avait des armes de destruction massive en Irak. La prospérité est-elle au bout de la rue comme l'annonçait fièrement le président Hoover alors que le krach de 1929 allait précipiter des millions de personnes dans la misère ? Tout va bien, restez dans vos cabines, on gère la situation disait récemment ce commandant sud-coréen à de jeunes passagers promis à une mort certaine pendant qu'il fuyait avec son équipage. Non, il ne faut pas se contenter de ce qu'on nous dit...
Voilà qu'on me propose une thèse inédite sur le krach de 1929 provoqué par les nazis. A la lecture, c'est franchement crédible et plutôt astucieux. Après, c'est peut-être faux surtout lorsque l'on sait que ce parti n'avait fait que 2% des voix en 1928. C'est facile de désigner le gros méchant. Mais bon, l'exercice est de démontrer qu'il y a sans doute plusieurs causes possibles. On sait que c'est ce krach qui a précipité l'ascension d'Hitler au pouvoir en 1933. Il en a été le principal bénéficiaire.
Le divertissement est assuré grâce au talent de Gihef qui maîtrise à la perfection les découpages pour rendre la lecture agréable. Bref, c'est à lire pour avoir droit à une autre perspective de ce qu'on pourrait nous cacher.
historybd
Le 03/02/2019 à 09:41:19
De mon point de vue ce scénario fictif n'est pas très convaincant, il y a trop d'incohérences dans tout cela. Un homme, inconnu, aurait eu la capacité (sans que l'on nous dise comment) de convaincre aveuglement les plus gros bonnets de Wall Street ? Ca ne marche pas. Un enfant avec Eva Braun et un mini scandale chez Hitler ? Ca ne marche pas non plus. Hitler lui même est peu crédible. Et la dernière page montre une grosse erreur prouvant que les auteurs n'ont pas assez travaillé leur background historique.
MINOUCH
Le 31/08/2014 à 15:00:17
J'ai particulièrement apprécié le point de vue des auteurs à nous faire croire que les nazis ont joué un rôle particulièrement important dans le krach de 29. C'est bien fait , rondement mené, les dessins à la fois précis et beaux encadrent parfaitement l'histoire. Je me suis régalé de bout en bout. J'avoue que la lecture se fait de manière jubilatoire quand on sait la fin des nazis et quand on apprend les claques financières qu'ont encaissé les magnats de la finance américaine. Malheureusement et c'est toujours le cas ce sont les "petits" qui ont tout perdu. "La bourse pour tous", oui, mais les américains l'ont payé cher à cette époque. Le rendu historique est bien mené. Un livre que je recommande pour son imaginaire mêlé aux faits historiques.
BIBI37
Le 05/04/2014 à 14:49:12
Excellent.
Rendre l'Allemagne nazie responsable du krach de 1929, quelle gageure!!
Un scénario sans faille soutenu par des dessins d'une grande pureté y compris dans les détails architecturaux de NY.
Personnellement j'en redemande.
9/10.