Résumé: L'homme qui commanda la 2e DB et libéra Paris Fin 1940, le colonel Philippe Leclerc, aux ordres de de Gaulle, décide d'attaquer Koufra, une oasis libyenne située à plus de 1 500 km. La mission semble démentielle, car il faut traverser la ramla, un sable dans lequel les voitures s'enfonceront, puis la hamada, le reg, la roche mise à nue par le vent. Sans compter ces montagnes qui culminent à plus de 3 000 mètres. Le tout sans routes, sans cartes, sans point d'eau et avec le vent. Pourtant, avec 400 hommes et 56 véhicules, Leclerc va tenter l'impossible pour mettre en déroute l'armée italienne.
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Jurez de ne déposer les armes que le jour où nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg. » Serment de Koufra – 2 mars 1941
1940, le colonel Leclerc arrive à Fort-Lamy, au Tchad, où un petit contingent de militaires se la coule douce. Le gradé a l’intention de changer les choses. Il vise la prise de Koufra, une ville libyenne située à 1500 km. Mais pour s’y rendre, il y a le désert, peu de points d’eau et des routes impraticables. Qu’à cela ne tienne, l’officier fonce tête baissée, entraînant avec lui une troupe de quatre-cents personnes sous-équipées pour attaquer une garnison retranchée.
Jean-Yves le Naour présente le paladin à travers une seule action. Il raconte une tranche de la vie d’un homme charismatique, brave et loyal, mais également intransigeant, intrépide et têtu, qui prend des risques inconsidérés et n’hésite pas à défier les ordres de ses supérieurs. Ce fait d’armes est loin d’être son plus célèbre ; à la tête de la deuxième division blindée, il a notamment contribué à la libération de la capitale et à celle de la métropole alsacienne. L’auteur dépeint donc un épisode significatif en lieu et place d’un événement davantage connu et glorifié qui serait moins révélateur. En restreignant ainsi son propos, il invite le bédéphile à découvrir le détail de l’opération, les véhicules qui s’enlisent, la soif, la chaleur, puis un magistral coup de bluff qui suscite la reddition de l’ennemi. L'ouvrage s'attarde cependant très peu sur les sources de la motivation du gradé, son enfance, sa famille ou encore l’ensemble de ses exploits militaires. Pour mieux le connaître, il devra consulter le copieux dossier accompagnant le récit.
Frédéric Blier propose un dessin hyperréaliste, approprié pour un projet de ce type. L’artiste a manifestement réalisé une solide recherche documentaire et il est certain que les tenues vestimentaires, les armoiries et les chars sont reproduits avec précision. Le personnage principal fait figure de héros, il apparaît dès la troisième case et s’impose tout de suite alors que l’illustration le représentant déborde sur la première vignette, rappelant ainsi qu’il domine la situation. La composition se révèle dynamique et les angles variés ; l’abondance de plans rapprochés met souvent en évidence les yeux des acteurs dans lesquels se lisent la joie et la satisfaction, de même que l’effroi et l’inquiétude.
Général Leclerc inaugure la série Les compagnons de la Libération, une collection dédiée aux courageux Français qui se sont battus entre 1939 et 1945. Suivront Pierre Mesmer et Jean Moulin.
Une entreprise aux visées pédagogiques évidentes, coïncidant avec les commémorations entourant les soixante-quinze ans du débarquement en Normandie.