Résumé: Alice, jeune blonde fraîche et séduisante se cherche dans une ville banale de l’Amérique des années 90. Elle cherche l’amour, elle cherche un sens à sa vie.Isadora, la clocharde, alcoolique… qui se cache derrière cette façade, y avait-il une femme avant l’épave ?Billie, est l’amie d’Alice. Elle ne va plus au cours de danse. Billie est noire.Billie est amoureuse d’un blanc. Barack Obama n’est pas encore président.Dwight aurait bien pu s’appeler Kurt. Artiste dans l’âme, il dessine.Il aime dessiner Alice…
C
heveux blonds et lisses, frange impeccable, Alice a tout de la lycéenne américaine modèle. Pourtant, elle passe pour bizarre en traînant sa mélancolie et son ennui dans une petite ville indéterminée. Lors d'une fête où elle se fait ennuyer par des lourdingues alcoolisés, elle craque sur Dwight, portraitiste solitaire à la longue tignasse. Et elle s'accroche, entrant dans sa vie comme un vendeur d'aspirateur chez une personne âgée. Puis, le garçon disparaît sans donner de nouvelles. Alice prend la voiture de sa mère et part à sa recherche, entraînant avec elle, Isadora , clocharde alcoolique et Abigail, dite Billy, toutes deux écorchées par la vie.
Pour son premier album en tant qu'auteur complet, Marion Laurent compose avec bonheur un roman graphique à quatre voix. Alice, Isadora, Billie et enfin Dwight se croisent et livrent leurs blessures et leur version de l'instant qu'ils partagent. Difficile de dire quel personnage est le plus touchant : entre Alice qui étouffe sous le poids d'un conformisme et vit ses premiers émois ? Isadora, maltraitée par une mère abusive qui noie sa vie dans l'alcool, allant jusqu'à renoncer à son enfant ? Billie, adolescente noire, méprisée par une matrone ultra-religieuse et un frère violent, qui la considèrent comme une putain de Babylone parce qu'elle a adressé la parole à un garçon blanc ? Dwight, artiste sensible, rejeté par un géniteur absent ? Tous les quatre ont en commun de subir la violence, à divers degrés, de leur famille.
Le dessin a des accents de mode comics aux traits rétros, tandis que la colorisation est sursaturée de rose, comme pour adoucir la dureté des introspections exposées jusqu'au drame final. Paradoxalement, le dénouement, tout aussi choquant et brutal, devient dérisoire, tel une parabole de la vie. La gravité survient, avec tous les débordements émotionnels qu'elle génère, pour être suivie d'une forme d'indifférence presque instantanée accompagnant l'oubli. Les personnages poursuivent leur route, insensibles. Une parenthèse se ferme, conclusion plus tragique que la tragédie elle même.
Comment naissent les araignées est un récit sensible qui prend aux tripes, jusqu'à la dernière case.
Les avis
Erik67
Le 25/09/2020 à 15:02:59
Ce titre peut apparaître comme assez étrange. Il s’agira d’une anecdote qui est racontée par un des personnages sur le fait qu’à leur naissance, les petites araignées qui viennent de naître dévorent vivante leur mère. Pour ma part, on ne peut être heureux de notre condition d’être humain et ne pas terminer comme cela après avoir donné la vie.
On va suivre le parcours de plusieurs personnages dont trois féminins et un masculin. J’ai beaucoup aimé la première histoire d’amour mais qui se termine de manière assez confuse. C’est un récit choral dont les destins des différents personnages vont se croiser pour se terminer en apothéose.
La fin sera d’ailleurs assez poignante. J’aurais aimé que les choses se passent différemment mais c’est le choix de l’auteur qu’il faut respecter (à moins de faire des pétitions pour protester contre par exemple la fin de Game of Thrones).
C’est une bd sur les relations humaines qui peut être par moment assez captivante. Cependant, c’est quand même triste.