Résumé: Souley, le tirailleur, et un « esprit blanc », sont les narrateurs de cette histoire : comment le capitaine Boulet et le lieutenant Lemoine furent envoyés en mission stratégique au Tchad par l’état français afin de parachever la conquête de l’empire français d’Afrique, en janvier 1899. Malheureusement, le capitaine Boulet et son adjoint Chanoine sont bien décidés à parer au plus pressé, quitte à se servir sur place auprès des populations locales afin de nourrir leur colonne et augmenter le nombre de leurs porteurs. Ainsi, la violence et les massacres se succèdent au fur et à mesure de leur avancée. Le récit des « exploits » de la colonne remonte jusqu’au commandement de l’armée française qui envoie un émissaire pour les arrêter.
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Il n’y a pas de mot. Non, pas de mot. Ou il faudrait en inventer ». Ainsi s’indigne le colonel Klobb, lancé depuis Tombouctou dans une course-poursuite de 2000 kilomètres aux trousses de la colonne infernale menée par Boulet et Lemoine à travers le Niger. Amas de têtes coupées, grappes de pendus aux branches des jujubiers, villages incendiés, pillés, rasés, partout s’affichent les traces des exactions commises par les deux officiers français. Leur piste sanglante croise bientôt celle de Sarraounia, reine mythique mi-amazone mi-sorcière gouvernant le pays Haoussa, qui offrira une farouche résistance aux troupes coloniales. Mais quand le détachement de Klobb rejoint enfin la mission Boulet-Lemoine aux confins du Sahel, ceux-ci sont tellement enferrés dans leur délire meurtrier que le plus impensable des dénouements se produit…
Longtemps occulté par une administration militaire peu encline à admettre ses errements, cet épisode tragique et honteux de la colonisation est aujourd’hui méconnu, et pourtant ô combien emblématique du mépris absolu envers les populations africaines qui prévalait alors. Remettre en lumière ces événements et cet état d’esprit est probablement la principale réussite du diptyque réalisé par Dabitch et Dumontheuil. Au crédit des auteurs, mettons également la grande richesse formelle de la série, dont les couleurs éclatantes, d’une vivacité sans pareille, réalisent l’exploit de conjuguer le réalisme d’un reportage et le symbolisme d’une imagerie d’Épinal. Le trait volontiers caricatural du dessinateur fait merveille pour rendre les expressions des protagonistes comme pour dépeindre les scènes de batailles, déployées en vastes panoramas emplis de bruit et de fureur.
Mais si l’intérêt graphique comme historique est indiscutable, plus questionnable est la qualité du découpage. Sans répéter les malencontreux faux raccords du premier tome, la mise en scène semble parfois bâclée, l’agencement des séquences pas toujours heureux, l’enchaînement des cases maladroit, abrupt… De ce manque de fluidité résulte une impression de flottement, d’ellipses malvenues, cassant le rythme narratif et bridant l’émotion. L’impression aussi qu’il s’en fallait de peu pour réaliser là une œuvre marquante.
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Les avis
sliderzora
Le 25/05/2019 à 17:36:29
Grandeur et décadence de la folie de quelques militaires se prenant pour des dieux sur terre.
Un road-movie pédestre à travers le Niger, effacé de la mémoire collective, comme beaucoup des crimes et génocides perpétrés par l'armée française.
A lire absolument pour retrouver cette mémoire qu'on nous efface jour après jour, mensonge après mensonge.
Notre histoire n'est pas celle qu'on nous apprend mais celle qu'on nous cache . La Colonne lui rend hommage.